Triste anniversaire que celui-ci!
Parce qu’en pleine période trouble (et faible est le mot), un décret a permis d’amputer la Bretagne et toutes les politiques suivantes n’ont fait que conforter la partition, voilà où nous en sommes à l’heure actuelle.
Si à la libération, quasiment tous les décrets passés sous le régime Pétain ont été abrogés, curieusement, celui-ci fait toujours « force de loi ». Sans aucune consultation citoyenne, au mépris des sondages et des manifestations favorables à la réunification, au mépris des voeux prononcés par les Conseils régionaux successifs de Bretagne comme du Conseil général de Loire-Atlantique, la démocratie trouve ses limites dans les esprits étriqués des hommes politiques profondément jacobins, certains d’entre eux se réclamant même « Bretons »: un comble!
Nous avons jugé utile aujourd’hui de vous faire un bref résumé des étapes qui ont conduit la Breizh à être amputée d’une de ses cinq filles, la plus riche et la plus développée économiquement…
1789 – Création des départements
La Bretagne est dite « Province », donc réputée étrangère. Aucun des 9 pays bretons de cette « province » pourtant étrangère n’est consulté. L’Assemblée nationale française en décide ainsi pour nous. Le Parlement de Bretagne déclare « de nullité absolue et à perpétuité » cette décision.
Conséquence: l’entité unilatérale « Bretagne » disparaît au profit de l’apparition de 5 entités: 22, 29, 35, 44 et 56…
1919 – Création du « Groupement Economique Régional »
Par décret, la France s’organise territorialement en Régions. Breizh se retrouve répartie sur deux régions incluant pour la 5ème région d’autres départements, les chambres de commerce y sont regroupées:
5ème région: départements 29 Sud, 44, 56, 37, 49, 53, 72 et 85.
6ème région: départements 22, 29 Nord et 35.
Aucune consultation citoyenne.
1938 – Création de « Régions économiques »
Par décret, et sans consultation citoyenne, la région économique Bretagne est crée, regroupant les départements 22, 29, 35 et 56 mais sans le 44.
1941 – Décrets n° 2727 1 2736 du 30 juin
Digne du fascisme contre lequel l’Etat de Vichy dit se battre, l’exclusion de la Loire-Inférieure devenue Loire-Atlantique est statuée sans aucune consultation de la population bretonne.
1955 – Décret, Loi Pfimlin: création de « Région économique de Programmes »
1959 – Décret: « Circonscription d’action régionale »
1964 – Décret: « Commission de développement économique régional »
1969 – Référendum: « Projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat »
La démocratie semble être de retour. La consultation intéresse tout le territoire de l’Hexagone, mais propose une région Bretagne toujours amputée de la Loire-Atlantique.
Résultat « national »: le « NON » l’emporte à 52,41%. Pour les départements bretons, si les Côtes d’Armor vote « Non », les quatre autres optent pour le « Oui ». Qu’importe, le décret est rejeté, mais intéressant il est de voir que l’ensemble de Breizh ne se prononce pas à l’unisson.
1972 – Décret: « Etablissement Public Régional »
La Bretagne reste région administrative sans la Loire-Atlantique, la population n’est bien évidemment non-consultée et les voeux des Conseils généraux des cinq départements bretons se prononçant pour la réunification de la Bretagne sont ignorés…
1982 – Décret: les 22 « Régions administratives »
Qui dit décret entend toujours absence de démocratie! La Bretagne administrative reste à 4 départements, quant à la Loire-Atlantique, elle est intégrée dans la région « Pays-de-Loire » en compagnie de la Vendée (85), du Maine-et-Loire (49) et de la Sarthe (72).
Les régions deviennent des collectivités territoriales pleines et entières, administrées par des Conseil régionaux dont les membres sont élus au suffrage universel, démocratie oblige!
2004 – Loi du 13 août: les compétences des régions sont accrues
2016 – Les nouvelles régions, nouvelles dénominations, fusion de communes…
La suite, vous la connaissez: la réforme territoriale a accouché de son 3ème volet, le résultat étant la réduction du nombre de régions à 13. Si la logique l’emporte pour que la Normandie soit réunifiée sans qu’il y ait une grande ferveur populaire pour aller dans ce sens, curieusement, la Bretagne ne l’est pas, alors que tous les indices populaires, historiques et économiques auraient dû aboutir à cette réparation historique. Que nenni!
Et cela est d’autant plus curieux, qu’au sein du gouvernement socialiste, étaient présents des fervents défenseurs de la cause bretonne et de la réunification: Jean-Yves Le Drian (Défense), Stéphane Le Foll (Agriculture) à Marylise Le Branchu (Aménagement du territoire et réforme territoriale) pour ne citer que ceux-là. Aucune de ces personnalités politiques bretonnes n’ont eu de poids pour infléchir la décision finale. Si face à eux, si tant est qu’ils aient réellement tout fait pour oeuvrer pour la retour à la Bretagne historique, d’autres barons de la politique, issus du même parti, étaient partisans pour tout sauf pour la renaissance d’une région Bretagne administrative à 5 départements.
Seulement voilà: Jean-Luc Auxiette (président des Pays-de-Loire) et consorts (notamment Jean-Marc Ayrault) ne veulent pas que leur région des « Pays de la Poire », sans âme et sans identité, ne disparaisse du paysage territorial avec le départ de la capitale historique de la Bretagne dans sa région natale. Véritable poumon économique attractif pour cette région, comment survivrait les pédélistes si la Loire-Atlantique partait?
Créant une compétition entre Roazhon/Rennes et Naoned/Nantes pour ce qui concerne la capitale de la région qui serait choisie dans l’éventualité d’une réunification, les appuis politiques ne manquèrent pas, la majorité souhaitant un status quo pour que chacun conserve ses intérêts. Pourquoi continuer à penser français en copiant le système d’une capitale unique pour Breizh, alors que d’autres pays fonctionnent tout aussi bien avec plusieurs capitales, sans oublier qu’hier, Breizh était organisée autour de trois capitales Naoned, Roazhon et Vannes…
Si Breizh fait à nouveau les frais de pareille réforme, que dire de la démocratie!
Le processus de démocratie participative qui consiste à demander aux citoyens de choisir la dénomination de leur nouvelle région est aussi démocratique que ne fut couchées les frontières des nouvelles régions. Ainsi, des nouveaux noms sont soigneusement choisis et proposés.
Résultat: Pour ne citer que ceux-là.
Mars: Nord, Pas-de-Calais et Picardie deviennent « Hauts-de-France ».
Avril: Alsace, Champagne-Ardennes et Lorraine deviennent « Grand Est ».
Juin: Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées deviennent « Occitanie »
Vous noterez au passage que nos amis alsaciens voient leur identité perdue dans le nom de leur région. Pour ce qui est de la lisibilité d’un territoire, comment vont-ils pouvoir promouvoir et défendre leur singularité? A ce jour, 6 régions n’ont pas vu leurs périmètres modifiés et conservent leurs anciennes appellations.
Quant à nous, Bretons, que croyez-vous qu’il va se produire? Certains se trouvent rassurés de constater que l’on n’ aura pas touché à leur Bretagne à 4 départements. Vous abandonneriez vos frères de Liger-Atlantel? Pensez-vous vraiment que le processus de réforme est désormais figé?
Insidieusement, le processus de fusion de communes incitée par le gouvernement sous peine de voir réduite la dotation de l’Etat, fait son petit bonhomme de chemin. De nouvelles communes naissent, de nouveaux noms, et comme par hasard, des références historiques ou géographiques disparaissent. Bientôt, ce seront les hermines qui seront absentes des nouveaux blasons, etc.
Ouvrez les yeux, écoutez: de plus en plus de médias, que ce soit à la radio, à la télévision ou sur le net, simplifie leurs discours en parlant de « Grand Ouest ». Ne vous leurrez pas, c’est ce qui nous attend si dès aujourd’hui vous ne bougez pas plus.
Notre situation est d’autant plus dramatique que légalement, internationalement parlant, la France bafoue illégalement les droits souverains de Breizh! La déculturation de la Bretagne, la lobotomisation assidue et sournoise, n’a eu d’autres effets que de faire oublier le traité de janvier 1499, seul traité faisant force de loi encore aujourd’hui!
Si Ré Zo Ré a un sens pour vous,
Si « Démocratie » et « Liberté » ont un sens,
Si vous êtes fiers de votre identité, de brandir le Gwen ha Du, de chanter le Bro Goz et de reprendre les paroles de Glenmor, Gilles Servat ou Alan Stivell,
Si « Kentoc’h Mervel Eget Bezan Saotret »a encore un sens pour vous,
Nous vous invitons à nous rejoindre afin que tous nos droits soient restaurés. Pour ce faire, Ambasad Vreizh va déposer dès ce jour un recours auprès des instances internationales afin de dénoncer les exactions dont nous sommes victimes, en regard des textes de loi, traités ou conventions que l’Etat français a pourtant signés.Cette dénonciation sera adressée à tous les députés européens, en espérant que parmi eux, il y en ait une majorité pour qui « l’Europe des Nations » a un sens plus développé que pour la majorité de nos députés français.
Signez la pétition
Et puisqu’il faut que s’impose la volonté du peuple breton, c’est aussi et surtout sur le terrain, qu’il faut se mobiliser. Nous avons du pain sur la planche: extraction de sables miniers en baie de Lannion, projet minier de Variscan, Brocéliande, fusion de communes à surveiller, notre secteur agro-alimentaire à soutenir etc…. et pour cet automne, rendez-vous vous est donné le 24 septembre à Naoned, notre cité des ducs.
Inscrivez-vous pour le rassemblement à Nantes, samedi 24 septembre 2016
Bevet Breizh!