28 juin 952: la mort du Renard

Le 28 juin 952, disparaissait le 1er Duc de Bretagne: Alain II Barbetorte ou « al Louarn » dit « le Renard ». Mais ce que notre histoire retient surtout de lui, c’est qu’il réussit à libérer Naoned des vikings…

« Le Renard » / Tri Yann

Alain Barbetorte est né vers 910.
Il est par sa mère, le petit-fils d’Alain « le Grand », dernier roi de Bretagne (mort en 907). Fils de Mathuédoi, comte de Poher, Alain a vécu une bonne partie de sa jeunesse à la Cour du roi d’Angleterre: Aelthestan, son parrain.

Contexte

Après les disparitions successives d’Alain le Grand (907) et de Gourmaëlon (913), la Bretagne connaît de nouvelles attaques vikings. Si auparavant ils se contentaient de piller des richesses (édifices religieux notamment) puis repartaient (comme ce fut le cas au IXème siècle, ils se sédentarisent et cherchent à se substituer aux seigneurs locaux.
Nombreux sont les pillages, des abbayes sont détruites (telle celle de Landévennec en 913, complètement détruite), des moines se réfugient jusque dans le Berry et même à Paris.
919: Naoned est pris par les viking, Ragenold s’y installe.
921: le comte Robert de France tente de les chasser, en vain. Il pretexta de venir au secours du roi de France, Charles le Simple pour quitter Naoned, préférant attaquer les princes du nord de la Francie.

927: Hugues le Grand et Herbert II de Vermandois tentent une seconde intervention pour déloger les scandinaves. Nouvel échec. Mais selon Hubert Guillotel (historien et professeur d’histoire à la Faculté de droit et de sciences politiques de Rennes 1941-2004), cette seconde tentative aura permis de cantonner les Normands entre Naoned et la Loire, ce qui favorisa le retour de certains émigrés, dont Alain Barbetorte.

931: l’insurrection menée par Bérenger contre les Normands échoue, et s’ils sont massacrés en Cornouaille et leur chef Félécannote tué, Alain Barbetorte est contraint de s’exiler une seconde fois, auprès de son parrain Aethelstan.

935: l’abbé Jean, abbé de Landévennec, exilé depuis 919, comme beaucoup d’autres membres de l’aristocratie bretonne, revient en Bretagne. Dès son retour, il recrute des tenanciers ré »fugiés dans les rochers inaccissibles de la côte de Crozon, qui résistaient aux vikings sous les commandes de deux chefs locaux: Amagold et Wethenoc. Il dépêcha des hommes sûrs à la Cour d’Angleterre pour informer Alain Barbetorte de la situation bretonne et lui demander de prendre la direction des Bretons.

936: Alain Barbetorte débarque près de Dol-de-Bretagne avec une troupe de Bretons exilés comme lui, rejoint des partisans regroupés par l’abbé Jean. Amagold et Wethenoc prête allégeance à Alain Barbetorte. La chasse aux vikings commence, le camp de Péran est attaqué, puis Plourivo.
A ses côtés, Alain Barbetorte peut compter sur Hugues le Grand, comte du Maine, prince rival d’Herber II de Vermandois en Francie du Nord, ainsi que sur Juhel Bérenger, Comte de Rennes, et Hugues 1er, Comte du Mans.

938: bataille de Plourivo. Vainqueur, Alain Barbetorte est reconnu « Brittonum dux ». La marche sur la Loire et sur Naoned commence. La grande rencontre se tiendra à Trans, près des rives du Couesnon.

939, 1er août: la libération de Naoned est effective. Il est dit que cette date serait devenue la fête nationale des Bretons…
De cette victoire, Alain Barbetorte laisse à ses alliés le Cotentin, l’Avranchin et le territoire situé à l’Ouest de la Mayenne.

944: selon la Chronique de Flodoard, une guerre fratricide aurait eu lieu entre Alain Barbetorte et Juhel Bérenger de Rennes, guerre dont aurait profité les vikings pour piller à nouveau la Bretagne. Devant le danger commun, la réconciliation est immédiate, et les vikings sont battus.

945-950: donation en faveur de l’abbaye de Landévennec.
Alain Barbetorte n’aura cessé de développer des liens étroits avec les abbayes de la vallée de la Loire. Par son union avec une soeur du Comte de Blois, il montra son souhait de conforter son rôle dans la politique du royaume de Francie occidentale, dans le but d’assurer la puissance Bretonne.

952, 28 juin: mort prématurée.

Arthur de la Borderie avancera (prenant en considération la Chronique de Nantes) qu’Alain Barbetorte serait inhumé dans la collégiale Notre Dame à Naoned, ville qu’il choisit comme capitale pour la Bretagne et qu’il reconstruisit après les destructions normandes.
Pour Joëlle Quaghebeur, le lieu de son inhumation serait à chercher du côté de son origine géographique familiale et sur le lien privilégié qu’il entretînt avec l’abbée Jean. Le seul acte authentique de donation à un sanctuaire breton concernant l’abbaye de Landévennec, il estime probable que la tombe d’Alain Barbetorte serait la tombe n°2 du sanctuaire.

Descendance

– Alain Barbetorte aurait épousé Roscille d’Anjou, fille de Foulque Ier, Comte d’Anjou et de Roscille de Loches, dame de Villandry. Une fille serait née de cette union: Gerberge, laquelle aurait épousé Juhel Bérenger, Comte de Rennes. Elle serait la mère de Conan.
– En 948, il épouse à Blois, Roscille de Blois, soeur de Thibaud Ier de Blois et fille de Gello Ier, Comte de Blois et de Richilde de Gothie. Naît de cette union: Drogon de Nantes, vers 950. Egalement appelé Dreux, Drogon deviendra Comte Nantes. Il décèdera vers 958.
– Pendant son exil vers 930, Alain aurait contracté une union avec la « noble Judith ». De cette relation considérée comme estra-matrimoniale, sont nés deux fils dits illégitimes:
930: Hoël. fuur Comte de Nantes.
933: Guérech, duc de Bretagne
Illégitimes, les deux frères « bâtards » s’effaceront devant le jeune Drogon.

Mémoire

  • Statue en plâtre de Amédée-Renée Médard, au musée Dobrée de Naoned
    statue en platre de Amédée-Renée Médard, musée Dobrée
  • Stèle située au pied du château de Pornic
  • Stèle au pied chateau de Pornic
  • Plaque à Plourivo
  • Bataille_du_Trieux