L’Armée de Bretagne & le camp de Conlie

Le 22 octobre 1870 fut créée la première armée de Bretagne !
Ah bon ! Et pourquoi faire ?
Pour ceux qui découvrent cette histoire, autant vous dire qu’il ne faut pas se méprendre sur le nom donné à cette armée, elle n’a de « Bretagne » que l’origine des volontaires qui la composèrent, en fait elle fut constituée pour sauver la France. La patrie des Droits de l’Homme en fit bon usage…

1870: la France est en guerre contre la Prusse
Cette guerre est très peu connue car lui ont succédé deux conflits mondiaux d’importance : 1914-1918 et 1939-1945. Pour la plupart, la guerre de 1870 se réduit au siège de Paris et de la commune par la Prusse. Témoignent de ce conflit ancien les nombreux forts encore présents autour de Paris… Mais pour les Bretons, le sentiment est tout autre ; ce qu’ils retiennent de cette guerre, c’est : Conlie!
Cette page d’histoire guère contée sur les bancs des écoles de la République française mérite d’être rappelée aussi souvent que faire se peut dans la mesure où elle s’inscrit dans le contexte anti-breton de l’époque – où nombreuses furent les déclarations racistes émanant de certains intellectuels et de politiques – mais qui reste toujours d’actualité même si plus insidieux: l’État français continue l’homogénéisation de son territoire, poursuit son négationnisme vis-à-vis de la Bretagne, intervenant à loisir à tous les échelons, au mépris du souvenir et de la vérité, au mépris de la démocratie et des lois internationales.
L’Histoire de cette Armée de Bretagne et l’affaire du camp de Conlie sont pour les Bretons l’exemple criant des sacrifices consentis par les Bretons pour défendre l’idéal promis par la République française, mais dans les esprits de leurs dirigeants, le passé récent de l’anti-Républicanisme des Chouans et des Vendéens allait resurgir moins d’un siècle plus tard… L’ethnocide breton se poursuit avec Conlie, un holocauste que certains aimeraient taire…..

Le conflit franco-prussien

La guerre de 1870 fut courte, l’armée impériale de Napoléon III essuie des défaites, notamment les désastres de Sedan puis de Metz. La quasi-totalité de l’armée régulière a disparu, Napoléon III abdique, fin du Second Empire…. S’en suit la proclamation de la République, le 4 septembre 1870.
Mais Paris reste encerclé par les troupes prussiennes. Un gouvernement provisoire est formé, un homme devient ministre de la Guerre: Léon Gambetta. Dans ce gouvernement, plusieurs Bretons (tiens donc! Ce qui n’est pas forcément bon signe pour la Bretagne) :
– Le général Trochu, gouverneur de Paris ;
– Le général Le Flô, qui reçoit le portefeuille de la Guerre ;
– Jules Simon, Glais, Bizoin, le comte de Kératry, chargé de la préfecture de police…

Les Mobiles bretons, commandés par Le Bouëdec, dégagent le gouvernement provisoire, assiégé dans l’Hôtel de Ville de Paris.

22 octobre 1870: création de l’armée de Bretagne autonome

Léon Gambetta choisit le comte de Kératry, chargé de la préfecture de police pour l’aider à poursuivre une  » guerre à outrance  » avec le rôle des Mobiles et des mouvements de foule parisiens et des batailles pour essayer de rompre l’encerclement de la capitale (20 sept. 1870 – février 1871).
Émile de Kératry, issu d’une vieille famille bretonne et député du Finistère, propose et obtient de Gambetta (enfui à Tours et représentant le Gouvernement de la Défense Nationale) un décret l’autorisant à former, sous son autorité et sa responsabilité, une Armée de Bretagne autonome (60 à 80.000 hommes), destinée à se rendre au secours de Paris. Cette armée s’installe à Conlie, près du Mans, sur la butte de La Jaunelière.
Il est prévu d’armer l’Armée de Bretagne avec les surplus de la guerre de Sécession américaine (1861-1865)…

220px-emile_de_keratry Emile de Kératry
3 novembre 1870 : arrivée des premiers contingents. Le 10, plus de 25.000 Bretons sont rassemblés au camp.
Avec un génie de l’organisation extraordinaire, Keratry parvint en quelques semaines à transformer un mamelon situé à Conlie, en arrière du Mans, en un camp retranché imprenable de 500 hectares et à y faire parvenir 80.000 volontaires enthousiastes recrutés dans toute la Bretagne.
Les conscrits Bretons arboraient sur leurs képis l’hermine bretonne et leur drapeau, offert par le Comité républicain de Nantes, était la bannière ducale.
En décidant la création de cette armée autonome, Gambetta était sûrement de bonne foi : le jour où, bien entraînés, ces 80.000 hommes pleins d’ardeur auraient été jetés dans la bataille, ils auraient pu renverser le rapport de force sur le front de la Loire… Mais devant le succès-même de Keratry, l’efficacité de son action, l’enthousiasme soulevé par ses appels aux Bretons, il prit peur. Dans son esprit étroit de jacobin, un Breton était par définition un chouan et 80.000 chouans sous la conduite d’un général chouan (fût-il député de gauche) étaient un péril pour la République. Alors il conçut un projet abominable : profiter de ce que ces 80.000 hommes qui représentaient les forces vives de la Bretagne étaient concentrées dans un camp pour s’en débarrasser. Il suffisait de les laisser dépérir sans soins en arrière des lignes, d’en faire la proie des épidémies, de les exposer sans armes à la mitraille prussienne.
L’arsenal de Brest lui ayant rendu compte qu’il disposait de 3.200 chassepots mais n’avait plus de fusil à percussion, il lui donna avec un humour particulièrement noir l’autorisation de livrer des armes à Keratry, mais uniquement des fusils à percussion ! Ils finissent par recevoir des armes hors d’usage, des cartouches mal calibrées ; les exercices sont faits avec des bâtons, et tout à l’avenant ! Toutes les réclamations sont sans effet. À Tours, l’on craignait que l’Armée de Bretagne ainsi constituée puisse être une « Armée de Chouans ».
Gambetta, par dépêche, s’adressant à Kératry :
« Je vous conjure d’oublier que vous êtes breton pour ne vous souvenir que de votre qualité de français ! »

Gambetta donna l’ordre de se porter avec 12.000 hommes à la rencontre des Prussiens à Saint-Calais. Il télégraphiait simultanément au directeur de l’arsenal de Rennes pour lui interdire de remettre une seule cartouche à l’armée de Bretagne. C’était envoyer les 12.000 Bretons à la mort… mais l’opération échoua car l’ennemi n’était plus là : il était parti en direction d’Orléans et de la Loire.

Dans le Journal du Calvados, J.-P. Duval écrit :
« Par peur d’une résurrection de la Chouannerie, Gambetta refuse armes et ravitaillement à l’Armée de Bretagne… qui pourrit dans l’immonde camp de Conlie, dans la Sarthe « .
Les baraquements ne sont pas construits à l’arrivée des mobilisés et des tentes sont établies en urgence. Comme le terrain avait été nivelé peu de temps avant l’installation du camp, le piétinement de milliers d’hommes en fait rapidement un bourbier où il est très difficile de se déplacer. Les mauvaises conditions climatiques n’arrangent rien, des pluies torrentielles inondent le camp que les soldats surnomment  » Kerfank « , la ville de boue en breton. Avec les premières neiges, les maladies se développent : fièvre typhoïde, variole, etc.
La description qu’en fait Gaston Tissandier, de passage le 15 déc. 1870, est éloquente :
 » Est-ce bien un camp ? C’est plutôt un vaste marécage, une plaine liquéfiée, un lac de boue. Tout ce qu’on a pu dire sur ce camp trop célèbre est au-dessous de la vérité. On y enfonce jusqu’aux genoux dans une pâte molle et humide. Les malheureux Mobiles se sont pourvus de sabots et pataugent dans la boue où ils pourraient certainement faire des parties de canots. Ils sont là quarante mille nous dit-on et, tous les jours, on enlève 500 ou 600 malades. Quand il pleut trop fort, on retrouve dans les bas-fonds des baraquements submergés. Il y a eu ces jours derniers quelques soldats engloutis, noyés dans leur lit pendant un orage « .

Le manque d’instructeurs (prisonniers en Allemagne), de matériel, de ravitaillement, provoquent le découragement au sein d’une troupe pourtant largement constituée de volontaires mais livrée à l’oisiveté et à l’ennui.
Dans la débâcle de la guerre franco-prussienne, le ravitaillement en armes et en matériel connaît de sérieuses difficultés : pénurie de tentes, de couvertures, de chaussures, etc.

Kératry, choqué, informe Gambetta à plusieurs reprises. Ce dernier se refuse à l’évacuation, et affirme même ne pas se trouver choqué par ce qu’il constate.
Mal vêtus, contraints de monter leurs tentes dans un terrain récemment labouré, devenu bientôt fangeux, sans aucun approvisionnement, tant alimentaire que d’ordre militaire, ils furent bientôt la proie de maladies (fièvre typhoïde, variole…). Gambetta les considérant comme des Chouans potentiels, n’équipa qu’une infime fraction des troupes avec à peine plus de 4.000 vieux fusils à percussion de types divers, parfois rouillés, dont les plus modernes étaient des Springfield de la guerre de Sécession. De plus, ils furent dotés de munitions hétéroclites qui parfois ne correspondaient pas à leurs armes, ou dont la poudre avait été « délavée » par l’humidité et se révélaient incapables de faire feu. Dans le pire des cas, certaines de ces armes explosaient au moment du tir, s’avérant plus dangereuses pour leur servant que pour l’ennemi. Indigné par le sous-équipement de ses troupes et les conditions sanitaires déplorables qui leur étaient imposées, et n’obtenant pas de réponse satisfaisante du Gouvernement de Défense Nationale, Keratry demanda à être relevé de son commandement.

Observation d’un journaliste du Times :
« … L’aspect des troupes que j’ai rencontrées aujourd’hui était déplorable. Leurs armes rouillées paraissaient hors d’état de service. Plusieurs marchaient sans chaussures, un grand nombre paraissait exténué et leur cavalerie était dans un état pire que l’infanterie s’il est possible. Bien souvent, c’est le cavalier qui aide le cheval à avancer… »

23 novembre 1870 : combat de La Fourche en la commune de Coulonges-les-Sablons. Gambetta décide l’envoi de 12.000 des hommes du camp de Conlie, armés de seulement 4.000 carabines en mauvais état et de munitions d’un calibre inadéquat contre le premier corps bavarois du duc de Mecklenburg. Le général de Kératry envoie les mieux équipés et les moins fatigués de ses hommes, formant la division de marche de Bretagne (4e division du 21e corps), commandée par le général Gougeard.
24 novembre 1870 : arrivée de 4.000 carabines Spencer mais les munitions sont inadéquates.

Démission de Kératry

26 novembre 1870 : La 4e division arrive à Yvré-l’Évêque, lance une reconnaissance jusqu’à Bouloire. Le combat n’a pas lieu, les Prussiens s’étant esquivés.
Gambetta décida de mettre fin à l’indépendance de l’armée de Bretagne et de placer Kératry sous les ordres du général Jaurès. Kératry démissionna aussitôt ; Gambetta le fit remplacer par le capitaine de vaisseau Marivault.
Ce dernier ordonne immédiatement une première évacuation, contre les ordres de Gambetta (qui ne signera la première autorisation que quelques jours plus tard).

7 décembre 1870: le général de Marivault est nommé commandant du camp. Il y arrivera le 10. Il est tout de suite atterré par ce qu’il voit. Il écrira le 22 décembre à Gambetta:
 » J’ai trouvé 46.000 hommes désarmés, mal vêtus, non chaussés, sans campement (les baraquements promis n’ont jamais été montés et la troupe pour plus de 90 % couche sous des tentes, ils ont comme matelas de la vieille paille) et sans solde, paralysés dans un marais où toute leur énergie consiste à se tenir debout et à se tenir secs… ! »

Il décide alors, malgré l’administration et Gambetta, d’évacuer les soldats bretons du camp vers les départements bretons. On lui imposera tout de même de garder les mobilisés d’Ille-et-Vilaine, lesquels seront portés à la pointe de la défense française, alors qu’ils ne devaient former qu’une armée de réserve. Ils seront sacrifiés à La Tuilerie.
20 décembre 1870 : dès le lendemain, les 15.000 soldats les plus faibles se replient sur Rennes. Les plus malades sont renvoyés dans leurs familles. Le scandale prend plus d’ampleur devant l’état des hommes qui rentrent chez eux.

24 décembre : Marivault reçut, par télégraphe, l’ordre exprès d’arrêter l’évacuation du camp, sous peine de conseil de guerre, par le ministère de la Guerre : il n’en eut cure ! Chaque jour les hommes des 12 bataillons des Côtes-du-Nord quittèrent Conlie pour Laval, Vitré, Fougères.
Le 24 décembre à minuit, les Morbihannais assistèrent, dans la grande prairie qui avoisine l’étang en forêt de Sille-le-Guillaume, à la messe de Noël…

Gambetta trouva encore de bonnes raisons administratives pour suspendre les fournitures de vivres, tout en prescrivant : « Il ne faut quitter le camp sous aucun prétexte « .
Les mobilisés d’Ille-et-Vilaine s’en vont au « casse-pipe » avec la 2e armée de la Loire, avec un armement totalement dérisoire face à des forces prussiennes en nombre très supérieur. Et voilà, ce qui devait arriver arriva. Chanzy vaincu au Mans déclare : « La bataille a été perdue par la faute des Bretons ».

Les quelques généraux comme Gougeard, Chanzy par la suite et Marivault, ne furent pas dupes de l’imbécillité des ordres donnés par le gouvernement, et reconnurent la vaillance des mobilisés bretons et le calvaire qui fut le leur pendant à peine… 2 mois !
De plus, après la démission de Kératry, une décision ministérielle, en date du 1er décembre, priva l’armée de Bretagne de tout crédit. Les caisses étaient vides, les subsides coupées, la solde plus payée, les fournisseurs plus réglés, l’armée de Bretagne vivait sur ses propres réserves. L’armée de Bretagne « agonisait » ! Qu’importe, ces Bretons n’étaient-ils pas faits pour de la chair à canon… ?
Malgré tout et contre toute évidence des soldats arrivèrent jusqu’au 10 janvier 1871… !

11 et 12 janvier 1871 : déroute du Mans.
La veille de la bataille, Gambetta, les considérant comme des Chouans potentiels, fournit aux 19.000 hommes restant des fusils Springfield rouillés et des cartouches avariées. Dans certains cas, certaines de ces armes explosaient au moment du tir.
Le général Chanzy rejette la responsabilité de la défaite aux hommes de Conlie. En effet, c’est sur leur position de La Tuilerie que les Prussiens font porter leur effort décisif, qui décide de la victoire. Les soldats français, épuisés par deux mois de privations, mal armés, presque pas préparés, sont taillés en pièces dans la nuit du 11 au 12 par la 20e division prussienne du général von Krautz-Koschlau.

Par la suite, le général de Lalande déclare devant une commission d’enquête parlementaire:
 » Je crois que nous avons été sacrifiés. Pourquoi? Je n’en sais rien. Mais j’affirme qu’on n’aurait pas dû nous envoyer là, parce que l’on devait savoir que nous n’étions pas armés pour faire face à des troupes régulières « .

Henri Monnié, mobilisé de Nantes, rapporteur du service sanitaire:
 » …pendant toute la durée du camp, du 6 nov 1870 au 7 janvier 1871, sur près de 60.000 hommes qui y passèrent, il entra en tout aux ambulances, 1.942 malades, dont 143 morts, 1.433 évacués, 208 réformés et 70 congédiés « .

13 janvier 1871: le camp fut définitivement abandonné. Le soldat Suzor arrivé le 18 novembre 1870 le quitta dans l’après-midi ! Les troupes qui quittèrent le camp s’arrêteront à Assé-le-Béranger, puis poursuivirent leur route sur la Bretagne.

14 janvier 1871: Le camp de Conlie est atteint par les Prussiens. Un détachement commandé par le colonel de Lehman du 10e corps d’armée de la 2e armée allemande trouva le camp évacué, ils capturèrent 8.000 fusils, 5 millions de cartouches, un canon et des affûts. Ils feront sauter les fortifications et quittent la commune, le 6 mars.

26 janvier 1871: signature de l’Armistice.
6 février 1871: rapport officiel du ministère de l’Intérieur.

Dissolution de l’Armée de Bretagne

7 mars 1871: dissolution de l’Armée de Bretagne, puis le retour au pays des troupes bretonnes
La décapitation de sa jeunesse, le sacrifice criminel de tant de ses fils, provoqua en Bretagne stupeur et colère. En tant que député d’Ille-et-Vilaine, l’historien La Borderie (1827-1901) rédigea un rapport accablant pour Gambetta, sur Le Camp de Conlie et l’Armée de Bretagne.

Ce rapport fut publié sous forme d’un condensé de 124 pages dans les publications parlementaires du Paris-Journal en 1874 (rédigées en 1872) sous le titre Rapport fait au nom de la Commission d’enquête sur les Actes du Gouvernement de la Défense nationale :
« … Aux brumes et aux premières pluies d’hiver avaient succédé les glaces, les neiges, le verglas, et ensuite d’affreux dégels, dont les eaux ruisselantes, inépuisables, ne pouvant être absorbées par un sous-sol argileux, détrempaient si complètement la couche supérieure du sol, que cet humus semi-liquide remué déjà par un labour récent, délayé par les pieds de 50.000 hommes, finit par former un vrai cloaque. On n’y pouvait faire un pas sans enfoncer à mi-jambe. Non seulement l’exercice y était impossible, mais les corvées indispensables pour les vivres, l’eau, le bois, la paille, y devenaient d’une difficulté extrême. L’humidité pénétrait sous toutes les tentes, dont plusieurs furent envahies, en diverses circonstances, par de véritables inondations… »

Mais tout s’oublie puisqu’il s’est trouvé depuis des municipalités bretonnes assez ignorantes en histoire pour donner à leurs rues ou places le nom de Gambetta.

Près de 60.000 Bretons des cinq départements furent ainsi rassemblés dans le camp de Conlie. De novembre 1870 à janvier 1871 il y eut 131 morts, mais ce chiffre fait encore débat. Deux mille des 60.000 soldats qui y sont passés ont dû être envoyés à l’infirmerie.

1873: « Croix des Bretons » édifiée dans le cimetière de Conlie. Y sont inscrits tous les noms des morts de la Première Armée de Bretagne, ainsi que le carré.

1873

1913, 11 mai : Un monument est inauguré sur la colline de La Jaunelière.

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1971, 14 février: plaque commémorative apposée lors du centenaire.
Sur cette plaque est gravé :

 » 1871 D’Ar Vretoned trubardet e Kerfank Conlie. Dalc’homp soñj 1971 « 
( » Aux Bretons trahis au village de boue de Conlie. Souvenons-nous « ).

1913-bis

La France veut l’oublier, nous non !

Sources:

– Paul Tailliez, L’histoire du camp de Conlie, Le Mans, éd. Monnoyer, 1913.
– Philippe Le Moing-Kerrand, Le camp de Conlie, 2000, édité chez l’auteur.
– Bernarg Giovanagelli : bged [at] wanadoo.fr
– Henri Ortholan, L’armée de la Loire.

Mersi bras Savenneg/Savenay!

Nous avons le plaisir de vous annoncer qu’une nouvelle commune de Breizh, Savenneg/Savenay, vient de hisser notre Gwenn ha Du national au fronton de sa mairie. Savenay rejoint ainsi les communes de Lanvallay, Dinan et Plérin (Côtes-d’Armor) et La Baule (Loire-Atlantique).

Ravis nous sommes car il s’agit d’une commune de Liger-Atlantel (Loire-Atlantique), département profondément touché par la déculturation depuis la partition de la Bretagne et surtout depuis son intégration dans la région administrative Pays-de-la-Loire.
Nous sommes d’autant plus ravis que c’est dans cette commune sise sur le sillon de Bretagne que votre dévoué fit toute sa scolarité.

Pour ceux qui ignorent tout de Savenneg, sachez que cette ancienne sous-préfecture de Loire-Inférieure située à mi-chemin entre Naoned et Sant-Nazer, fut le lieu de l’ultime combat de la grande armée catholique et royale le 23 décembre 1793.

Qui d’entre nous n’a pas regretté que sa commune, bien que située en Bretagne historique, n’arbore aucun Gwenn ha Duau fronton de sa mairie ou de son Hôtel de Ville ? Certaines communes l’ont depuis longtemps, d’autres ne l’ont jamais mis, ou alors il y a si longtemps.
Pourtant, toutes les communes de Breizh ont appartenu pendant des siècles à la Nation Bretonne, une Nation souveraine, respectée, jalousée même. Au sein même de la région administrative Bretagne, certaines mairies refusent toujours de le mettre alors que le Gwenn ha Du pavoise depuis longtemps devant les sièges de leurs Conseil départemental et régional.

En février 2015, sur les 1.421 communes de Bretagne, seulement 245 arboraient le Gwenn ha Du en leur fronton.

Face à ce déficit d’identité flagrant, Ambasad Vreizh lança le 8 février dernier la mission  » Le Gwenn ha Du sur nos Mairies Bretonnes « , mission où nous nous proposons d’aider tout citoyen à faire en sorte que leur commune puisse arborer fièrement les couleurs de la Bretagne. Le Gwenn ha Du est un symbole très bien identifié de par le monde, alors pourquoi ne pas être cohérent avec le territoire que nos mairies administrent ?

Certaines mairies l’ayant depuis des lustres, nous sommes en droit de penser qu’il n’y a aucune illégalité à l’afficher de façon permanente, surtout lorsque ces municipalités se prononcent régulièrement pour la défense de notre culture bretonne, langue y compris.

Nous invitons tous les Bretons à écrire à leur mairie natale ou de résidence pour demander à ce que notre drapeau puisse pavoiser sur leur fronton, et à nous adresser une copie de leur lettre : ambasad.vreizh [at] gozmail.bzh afin que nous puissions appuyer leur demande et en assurer le suivi.

Une page Facebook est dédiée à cette mission :

Le Gwenn-ha-Du sur nos Mairies Bretonnes

Sur cette page sont publiés vos courriers et les réponses des mairies, nos relances, ainsi que toutes les photos qui témoigneront des nouvelles mairies fières d’arborer les couleurs de la Bretagne en leur fronton.
Breizh est partie de notre patrimoine et nos communes doivent être fières d’afficher leurs couleurs.

Soyons solidaires, contactez vos mairies, faites-en nous part, aidons nos communes à se réapproprier leur identité en arborant le Gwenn ha Du, symbole de l’identité bretonne, de leur passé et de l’histoire de Bretagne.
Mersi vras à André Klein, maire de Savenneg pour avoir permis à ses administrés de se rappeler l’identité de leur commune.

Breizh Manif, et maintenant?

Communiqué 2016.09/404 – BreizhManif, Naoned/Nànnt/Nantes, le 27 septembre 2016

Quelles conclusions devons-nous tirer de la Breizh Manif organisée par Bretagne Réunie ce samedi 24 septembre 2016 ?

Faible participation ?

Que nous ayons été 10.000 (chiffres donnés par J.-F. Le Bihan, président de Bretagne Réunie) ou 5.000, ce qui nous paraît être plus réaliste, il était prévisible que ce rassemblement automnal fut moins mobilisateur qu’à l’aube de la réforme territoriale, au printemps 2014.
Contexte saisonnier ou politique, la date de ce rendez-vous était calée dès le début de l’année, largement suffisante pour mobiliser… Doit-on en conclure que la Réunification ne mobilise plus les Bretons, y croient-ils de moins en moins ?
Une chose est avérée : jamais l’État français n’acceptera de rendre la Loire-Atlantique à la Bretagne à moins qu’il n’y soit contraint, et il n’est pas moins sûr qu’il plierait sous les revendications d’un million de Bretons envahissant les rues de la capitale des ducs de Bretagne.

Mais où sont-ils passés ?

Certains remercient les personnalités qui se sont déplacées, certaines s’étant exprimées sur le podium, la grande majorité d’entre eux répondant toujours présent à ce rendez-vous : François de Rugy (sénateur), Marc Le Fur & Paul Molac (députés), Lena Louarn, Mona Bras, Stéphane de Sallier-Dupin (conseillers régionaux), Patrick Mareschal, Gilles Denigot, Nil Caouissin (porte-parole UDB), Olivier Berthelot (Prés. Parti Breton), Jonathan Guillaume (association 44=Breizh) et, pour première apparition, de Jocelyne Devriendt et Fabrice Chenal (association Bretagne en Marche)…
Curieusement, en dehors des derniers cités, aucun représentant de la société civile ! Lors de l’édition précédente, de nombreuses personnalités avaient répondu présent : Yann Quéffelec, Alan Stivell, Gilles Servat, Jean-Loup Chrétien (astronaute), Christian Guillemot (Ubisoft) etc.
Breizh n’appartient à personne et certainement pas aux élus politiques ! Les élus passent, la Bretagne reste en l’état, amputée, elle se déculturalise, la population se francise et Breizh s’enlise.

Breizh n’est ni de gauche ni de droite, ce concept français n’a aucun sens, elle est à l’Ouest, et toutes les obédiences bretonnes ont leur place dans tout ce qui la concerne. Si Breizh n’est pas encore libre, la liberté d’expression doit rester de mise dès lors que la haine de l’autre n’entre pas dans les débats.
La Réunification n’est pas la bataille personnelle de Bretagne Réunie, elle n’appartient pas plus aux partis politiques, qu’ils soient jacobins ou pas, pas plus qu’elle n’appartient à une association ou à un collectif ! Elle appartient à Breizh, à tous ses enfants sans exception, point barre ! Il est bien dommage que les uns aient essayé de tirer la couverture à eux et que d’autres aient essayé de les en exclure. Ces discordes n’ont fait que desservir la cause de notre présence et donner l’occasion aux média de détourner la raison de notre rassemblement.

Soyons pragmatiques !

La Réunification de la Bretagne est l’affaire de tous, des Bretons comme de tous les résidents des cinq départements bretons. Mais il appartient à tous les acteurs bretons de défendre leur Bretagne. Ces acteurs sont toutes les composantes de la société civile : associations culturelles, associations sportives, entrepreneurs, collectifs, artistes, intellectuels etc. Ils étaient invisibles samedi dernier, a contrario du rassemblement de 2014.

Considérons la Breizh Manif comme un échec afin d’en tirer des leçons ! Plus de quarante années de manifestations pour la réunification sans avoir obtenu gain de cause devrait donner à réfléchir ! Mais les échecs comme les drames ne doivent pas mettre fin à nos espérances et à notre optimisme.

Après la manifestation, nous avons arpenté jusqu’à très tard les terrasses des quartiers de Naoned pour rencontrer des Nantais dans les quartiers de la place du Commerce et du Bouffay notamment, et le constat est édifiant ! En grande majorité, ce qu’ils ont vu et interprété n’est que folklore, pour les uns nous revendiquions un Grand-Ouest, pour d’autres nous étions des « antifas » (l’une d’entre eux était pourtant bretonne native de Concarneau) et pour la quasi totalité des plus jeunes qui venaient à notre rencontre, leur connaissance de notre histoire était dramatiquement superficielle – du style, « les quatre-voies de Bretagne sont gratuites grâce à notre duchesse Anne de Bretagne » ou encore « On nous a dit à l’école que la Bretagne était à 130 km de Nantes » – et approfondie via wikipédia. Le sourire que l’on a pu lire sur les lèvres des moins jeunes témoignait tantôt de l’admiration et de la résignation pour un combat vain…

À nous donc d’occuper le terrain pour continuer à raconter la Bretagne, la vraie, non celle apprise dans les écoles de la République française ni celle rapportée par les média. À nous de convaincre en promouvant notre Breizh concrètement, pour les entrepreneurs bretons de Liger-Atlantel cela ne pose problème, tout comme il va de soi que nous devons être crédibles pour valoriser Breizh et démontrer qu’elle a des moyens et des solutions pour imposer une Bretagne autre que celle vendue par notre voisine France et l’Union européenne.
Il est impératif que nous ayons tous conscience de la nécessité à unir nos actions, rien de bon ne pourra sortir sans montrer le chemin à suivre, celui de l’Union de tous les Bretons que nous cherchons à créer avec d’autres.
Un projet tel que celui du Parlement de Bretagne (élections le 20 novembre 2016) initié par l’association KAD est un des outils qui permettra à des élus bretons de toutes obédiences de réfléchir et construire la Bretagne de demain, il représente à lui seul l’union de plusieurs volontés individuelles, mais d’autres projets collectifs font leur chemin, à commencer par celui de Bretagne en Marche qui propose à tous les acteurs bretons de faire démonstration de leur « savoir-faire » le long du canal de Brest à Naoned.

L’exemple de Bretagne en Marche

Cette initiative nous paraît en effet être opportune car concernant tous les acteurs bretons et intervenant à un moment où un essoufflement des mouvements bretons (Bonnets Rouges hier, réunificateurs aujourd’hui) semble être la conclusion que l’on puisse tirer de ces dernières années. Essoufflement qui n’a cependant pas atteint la détermination de beaucoup. Le projet récent de l’association Bretagne en Marche fut exposé sur le podium place de la Petite Hollande samedi dernier – la majorité de ceux qui étaient là connaissaient déjà son existence – et des tracts ont été distribués tout le long du défilé pour cet événement qui se déroulera du 18 août au 2 septembre 2017 tout le long du canal de Brest à Nantes. Jocelyne Devriendt (présidente de Bretagne en Marche) propose à tous les acteurs bretons de s’associer autour d’un projet commun, projet convergeant sur Naoned : 16 étapes sur 190 km où des Bretons proposeront leur Bretagne de demain. Ambasad Vreizh ne pouvait faire qu’adhérer activement à cette initiative, tout comme nous nous impliquerons pleinement dans l’organisation de la prochaine manifestation revendiquant la Réunification de notre Breizh.

Un festival pour la Réunification ?

Un rassemblement annuel est un passage obligé pour la Réunification qu’il ne faut pas passer à la trappe. Il doit permettre à tous de nous rassembler et d’y accueillir chaque fois de plus en plus de monde, du nouveau militant comme au visiteur. La formule de manifestation est certainement à revoir. S’il va de soi que son siège doit être à Naoned, un défilé dans les rues de la capitale des Ducs de Bretagne est insuffisant pour convaincre, montrer les « bienfaits » d’une Réunification de la Bretagne et les quelques interventions sur un podium restent stériles dans la mesure où elles sont adressées à des convaincus !
Défiler dans les rues de Pariz, la capitale où tout est décidé pour nous serait d’une autre portée, médiatique notamment, surtout qu’il est question de démocratie. La capitale française ne veut pas entendre la voix de notre peuple, elle mérite d’être dérangée bien plus que cela non ? Quant au pays, pourquoi ne pas penser à un festival se déroulant sur plusieurs jours, histoire de laisser plus de possibilité à tous d’y venir pour découvrir ce que Breizh propose ?
Breizh regorge d’acteurs et d’idées. Servons-nous en pour servir Breizh !

Un rapide entretien avec J.-F. Le Bihan en fin de manifestation nous donne l’espoir que le prochain rassemblement sera tout autre que l’édition 2016, promesse fut faite que dès octobre nous commencerons à tisser le cadre du rendez-vous prochain…
Ne baissons pas les bras,
Jamais!
Bevet Breizh !

Le double-jeu de Laïta, Paysan Breton

Paysan Breton est-elle la marque du non-sens ?

Au lendemain du rassemblement annuel sur la Réunification de la Bretagne, nous étions loin de nous attendre à ce qu’un de nos plus grands fers de lance, la marque « Paysan Breton » (marque exclusive de la coopérative Laïta) que nous connaissons et consommons, puisse lancer une campagne de promotion digne de la trahison !

Le site Paysan Breton mentionne :
« Paysan Breton reste fidèle à ses origines. Solidaire des éleveurs laitiers à laquelle elle appartient, Paysan Breton fabrique ses produits en Bretagne et Loire-Atlantique, avec du bon lait de l’ouest de la France. Acheter Paysan Breton, c’est aussi soutenir l’agriculture locale ».

Ce qui n’empêche pas un marketing d’afficher :
100 % lait de Bretagne et Pays de la Loire ;
100 % fabriqué en Bretagne historique ;
100 % délicieux ;
100 % fiers !

Produit en Bretagne et 100 % Pays-de-Loire ?

Permettez-nous de nous interroger : comment peut-on afficher « Produit en Bretagne » sur ses produits et promouvoir les Pays-de-Loire ?
Laïta n’est-elle pas partenaire de ce label ?
Comment peut-on revendiquer une identité bretonne, sur son site comme sur sa page Facebook, et ainsi jouer sur deux tableaux ? Pardonnez-nous, mais ceci relève sinon de la trahison, de l’abus de confiance !
Promouvoir ainsi cette marque relève de la trahison sinon de l’abus de confiance !

Pareille campagne :

– Joue le jeu de ceux qui cherchent à diluer l’identité des Bretons de la Loire-Atlantique dans la région factice PDL, sans parler du terme « Grand Ouest » que nous avons pu lire sur votre site ;

– Salit le label « Produit en Bretagne » ;

– Abuse des consommateurs de la marque Paysan Breton, qui se fiaient jusqu’alors à vos produits ;

– Se sert de l’image des Pays-de-Loire (l’inclusion de la Vendée, le Maine-et-Loire et la Sarthe), territoires n’ayant aucun rapport avec l’identité bretonne.
Est-il utile de rappeler que l’identité bretonne est autant que réelle que le beurre salé que nous consommons, tandis que celle des Pays-de-Loire n’est que factice et repose sur une décision politique !
Nous sommes Bretons, ce que nous consommons n’est pas factice. Laïta veut-elle goûter au pouvoir du consommateur ?