Breizh Emploi
La précarité du marché local
RENNES MÉTROPOLE / LES MARCHÉS LOCAUX EN PLEINE EXPANSION
UN DANGER TROP DE PRÉCARITÉ DANS LES EMPLOIS
Le Civam de Bretagne, association qui soutient l’agriculture durable, et Agrocampus Ouest ont mené une étude, dénommée Salt, pour recenser les types de points de vente et les emplois générés.
Le but ? Évaluer l’impact économique des circuits courts.
Conclusion ? Plus le consommateur dispose d’endroits et de manières d’acheter des produits locaux, plus il y recourt et plus cela crée des emplois.
Entre 2009 et 2013, le chiffre d’affaires généré par les circuits courts est passé, en moyenne, de 15 à 19 millions d’euros.
La dynamique des circuits courts ne semble pas près de s’enrayer, car elle répond aux attentes des consommateurs et des producteurs. Les consommateurs demandent de plus en plus des produits de qualité et de la transparence. Les producteurs souhaitent reprendre la main sur leur production et gagner en autonomie en ne dépendant pas d’un seul client.
DES EMPLOIS GÉNÉRÉS QUI RIMENT PARFOIS AVEC PRÉCARITÉ
Malgré le cercle vertueux qui semble se mettre en place, les emplois générés ne riment pas forcément avec qualité, mais parfois avec précarité, ou avec un décalage fort entre le temps de travail fourni et sa rémunération.
Gilles Maréchal ( responsable au Civam de Bretagne) nuance le constat : « Dans ce type d’étude, on ne comptabilise pas la contrepartie humaine : la relation aux clients, aux collègues, la lutte contre l’isolement, la satisfaction de travailler la terre. »
Néanmoins, il concède que la rémunération n’est pas suffisante.
De nombreux postes sont multitâches, on ne compte pas ses heures, et le statut est parfois lui-même précaire comme les contrats aidés, de retour vers l’emploi, etc.
Ce qu’il manque au secteur pour apporter des emplois nombreux, pérennes et bien rémunérés, c’est de la cohérence, en particulier territoriale.
Si l’on se penche sur le modèle économique des agriculteurs qui misent sur les circuits courts, Gilles Maréchal constate qu’« en moyenne, ils utilisent trois systèmes de commercialisation, par exemple le marché, une Amap, et une cantine ; ainsi l’agriculteur n’est pas dépendant d’un débouché et équilibre ses contraintes entre les systèmes de commercialisation ».
En effet, faire les marchés exige un temps de présence sur place important, mais une production écoulée à un prix intéressant, sauf en cas de météo défavorable. Dans cet équilibre économique, l’Amap apportera une stabilité de trésorerie avec des contrats signés sur plusieurs mois.
Mais multiplier les points de vente requiert une logistique sans faille entre la production, sa mise en cageots, sa transformation, son transport, sa vente ; et donc des compétences multiples. C’est par cette mécanique que l’emploi se crée, il est impossible de tout faire correctement seul.
De surcroît, le consommateur est demandeur de produits locaux, biologiques, de qualité, mais aussi de visites pédagogiques dans les fermes ; les métiers et les emplois qui vont avec voient le jour.
Source: