UNESCO, LA LANGUE MATERNELLE

UNESCO, JOURNEE INTERNATIONALE DE LA LANGUE MATERNELLE

CMQ 2016.02, 383 – le 21.

En cette journée internationale de la langue maternelle patronnée par l’UNESCO, nous tenons à rappeler aux dirigeants de l’Etat Français certaines réalités et les mettre face à leurs responsabilités auxquelles ils se sont engagés, en signant certains textes notamment.

La langue n’est pas seulement un support de communication, elle ne véhicule pas seulement des idées via la parole ou les écrits. Notre langue est une part de notre identité et entre dans la constitution de notre personnalité. La langue maternelle tient une place importante dans le développement d’une éducation de qualité transmise par nos parents, via la transmission linguistique sont transmises des compétences, des connaissances et des valeurs essentielles (modes de consommation et de production durables entre autres) qui permettent à nos enfants de s’accomplir car forgeant une identité qui sera en adéquation avec ce qui les définissent et la place qu’ils prendront dans la société. Notre langue maternelle constitue une force individuelle autonome et un levier important pour l’avenir personnel et le profit de la société.

La disparition d’une langue est une perte pour l’Humanité, s’évanouissent à jamais des connaissances, des savoir-faire, disparaît un patrimoine culturel indispensable à chacun pour son accomplissement et pour son l’affirmation de son identité. La perte de l’identité s’accompagne de la disparition de repères nécessaires à tout citoyen dans une société stable. La crise identitaire actuelle en Bro C’hall est une conséquence directe d’une politique d’uniformisation à outrance pratiquée depuis des dizaines d’années, considérer qu’il n’y a qu’un peuple de France est une erreur fondamentale car c’est couper cette herbe sous ses propres pieds, celle-là même sur laquelle elle pouvait puiser sa force…

Fin 2010, l’UNESCO répertoriait 2.500 langues en danger sur les 6.700 parlées dans le monde. En avril 2011, l’UNESCO éditait sa seconde édition de l’Atlas des langues en danger dans le monde (1ère édition en 1996).
Atlas UNESCO des langues en danger dans le monde : le breton, sérieusement en danger: http://www.unesco.org/languages-atlas/index.php?hl=fr&page=atlasmap&cc2=MY

Dans cet Atlas, des niveaux sont attribuées en fonction du degré de vulnérabilité, et le breton ne fait pas exception aux langues celtiques: elles sont toutes en danger !
Niveau 1 « situation critique » : le cornique (Cornouailles britanniques) & le mannois (Île de Man) / Niveau 2 « sérieusement en danger » : le breton / Niveau 3 « en danger » : les gaéliques (Ecosse & Irlande) / Niveau 4 « vulnérable » : le gallois.
Petite comparaison entre le breton et le gallois au cours de ces trente dernières années : Le nombre de locuteurs de gallois est passé d’environ 400 000 à 700 00 locuteurs ACTIFS, et il est compris par plus de la moitié des 3 millions de gallois. Le nombre de brittophones est passé de près de 600 000 à près de 200 000 locuteurs actifs aujourd’hui.
Notre langue meurt sous nos yeux. La différence entre les deux, c’est une évolution institutionnelle et démocratique imposée par les luttes et qui aura pu faire s’inverser la tendance. Les premières lois permettant d’utiliser le gallois dans les documents et les administrations, et notamment dans les tribunaux gallois datent de 1967. En Bro C’hall c’est l’immobilisme complet et les revendications perpétuelles de mouvements, collectifs ou partis bretons restent vaines.

Quand bien même certaines personnalités politiques aiment rappeler que la langue française est la langue unique de la République, nous leur rappelons que l’Etat français a couché sa signature au bas de textes internationaux :
– 1950, le 4 novembre : Convention de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales (1950, le 4 novembre)

Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés

– 1992, le 5 novembre : Charte Européenne des Langues Régionales Minoritaires (1992, le 5 novembre)

Charte européenne des Langues régionales Minoritaires Autochtones

– 1995, le 1er février : Convention-cadre pour la protection des minorités nationales (1995, le 1er février)

Convention cadre pour la protection des minorités nationales

Quand bien même, signer n’est pas ratifier (cas de la Charte Européenne des Langues Régionales, signée par Lionel Jospin le 7 mai 1999), prendre des mesures adéquates pour protéger la langue bretonne (entre autres) auraient témoigné d’une réelle considération pour notre langue autochtone, antérieure au françois et au latin. Que l’on ne nous dise pas que si la disparition de le langue bretonne résulte d’une évolution naturelle ! La baisse du nombre de locuteurs n’est pas le fruit d’une « sélection naturelle ».
Faut-il rappeler les décisions politiques prises à l’encontre de notre langue, notamment l’interdiction de l’utiliser dans notre propre pays ? Faut-il revenir sur les dégâts induits par les conflits mondiaux du siècle passé, nombreux furent les bretons tombés au front (certains furent même fusillés juste parce qu’ils ne comprenaient pas les ordres donnés en français) ? En déplaise aux détracteurs, l’Etat français est le responsable directe de cette baisse du nombre de locuteurs bretons, ceux qui pouvaient transmettre notre langue ont donné leur vie pour la France, et au pays l’Education nationale fit le reste…
Ne pas mettre en place ou ne pas faciliter l’implantation d’écoles d’immersion telles que les Diwan ou Divyez démontre que la volonté des responsables français est à la hauteur de la valeur que peut représenter la parole d’un homme politique en période pré-électorale.

Quand bien même la Constitution Française de 1958 statue sur une langue unique pour la République, quel est le danger si d’autres langues la côtoient dans les textes ? Pour bon nombre d’autres pays la cohabitation de plusieurs langues ne posent aucun problème. Pour la France, si ! Elle est unique, elle est un exemple…
Comment justifier de cette “liberté” vendue par la République Française alors que dans ses propres frontières, les langues autochtones de l’hexagone ne sont pas soumises au même régime? Pourquoi les Ikastolaks peuvent-elles bénéficier d’un an d’exercice avant d’être “conventionnées” par l’Education nationale alors que les écoles Diwan doivent survivre pendant cinq ans avant de l’être?
Comment peuvent se justifier certains dirigeants politiques, pratiquant une langue régionale, reconnaissant comme tous les experts linguistiques de son importance dans l’éducation et la formation des esprits, en défendant le principe de langue unique au sein de la République Française ? Faut-il leur rappeler que si des textes restent figés afin de défendre la cohésion nationale via une langue unique, sur le terrain, dans la vie publique, dans des administrations, il en est tout autre ! Comment peut-on accepter qu’en Breizh, une Caisse d’Allocations Familiales puisse afficher une signalétique bilingue pour faciliter la compréhension aux pratiquants de la langue arabe, alors que le Breton n’y a pas droit ?
La survie du breton est très compromise. L’Etat français est clairement responsable de cette situation, et tant que nous ne pourrons pas disposer en Bretagne des droits culturels et démocratiques nécessaires à sa survie nous ne pourrons inverser réellement la tendance.
Il tombe sous le sens que nous n’avons rien à attendre de cet Etat qui n’a de cesse d’ignorer Breizh et ses intérêts, L’exemple de la CAF mentionné supra témoigne à lui seul de l’état d’esprit permanent et nous pourrions y ajouté tous les sujets sur lesquels les enfants de Bretagne sont obligés de se battre pour que soient entendues les volontés du peuple breton, qu’il s’agisse de notre agriculture, de l’exploitation de sables coquilliers ou d’extractions minières, de Brocéliande, de Notre-Dame-des-Landes etc.
Breizh n’est que terre occupée illégalement par l’Etat Français et les bretons ne sont que des illettrés qui ne méritent d’être consultés que lors des élections, afin “d’absorber” certains élus qui en perdront leur bretonnitude en s’adonnant à des fonctions nationales, au détriment de notre Nation bretonne. Si les acteurs politiques souhaitent rester dans les clous des partis jacobins, qu’ils se considèrent responsable de ce bourbier économique dans lequel la France s’enfonce inexorablement – aucune remise en question profonde du système n’est à jour – mais il ne saurait être question plus longtemps que leur irresponsabilité conduise Breizh dans une crise sans fin. Il est plus que temps que le peuple Breton se désolidarise de cette France qui nous méprise et nous spolie.
Vous ne pourrez nous voler notre âme, elle ne sera jamais à vendre. La blessure que vous infligez à notre peuple depuis des générations est bien plus profonde qu’il ne le paraît.

N’abusez pas de notre pacifique Breizh spirit!

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