Ce qui attend un breton, un vrai…

TÉMOIGNAGES / Gérard BERNARD

Histoire d’un enlèvement légal.

« En France pays autoproclamé des droit de l’homme, l’état « dit de droit » peut à tout moment enlever des citoyens, les cambrioler, violer leur espace vital, fouiller leur vie sous le regard inquisiteur de valets formés à cet effet.
Après ces quelque lignes qui vous sembleront bien dur au regard d’une société dite humaine. Je ne vais pas traiter ici d’arrestation de personnes impliquées dans des dossiers de droit commun, même si la similitude est très proche. Je vais me contenter de vous parler de la police politique .

Et oui en France il y a une police politique avec des pouvoirs presque illimités, mais ce n’est pas elle qui décide de ses actions, elle est commandée par plusieurs magistrats du parquet antiterroriste de Paris qui lui ,est directement sous le commandement d’un procureur et de plusieurs substituts, lesquels dépendent du ministère de l’intérieur donc en relation étroite avec l’Elysée.
Un jour n’importe qui peut faire les frais d’un tel traitement, il faut savoir que, au jour
d’aujourd’hui, toute personne militante indépendantiste, nationaliste, et même fédéraliste est potentiellement fiché S. Les anciens RG devenu Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI) et leurs dossiers ont servit à la création du fichier S
Partant de cette constatation nous sommes tous des fichés S.
Alors un beau jour à 6h du matin 6 à 8 hommes débarquent chez vous que vous ayez une famille ou pas, que la porte soit ouverte ou pas, rien ne leurs résistent, ils entrent de gré ou de force par la violence et parfois l’ultra-violence.
Dans mon cas, depuis mon incarcération de 1999, je ne supporte plus les portes fermées à clé donc la mienne était ouverte. A 6h des hommes en arme entre chez vous et le calvaire commence. Vous êtes levé du lit et entouré, encerclé, on vous installe dans une partie de votre domicile avec ordre de ne pas bouger.
Vous pouvez être déjà menotter et cela même dans la tenue d’Eve ou d’Adam suivant les personnes, pendant ce temps les intrus passent votre maison au peigne fin. Tout est sujet à controverse un dessin, un collage, tout peut devenir une preuve car à ce moment précis vous êtes considéré comme coupable , dans mon cas la dénomination qui a entraîné cette attaque à mon domicile était rédigée comme suit « Préparation à une association de malfaiteur en relation terroriste ». Bien sûr on vous demande de signer les documents que l’on vous présente afin de mieux légitimer l’exaction.
La perquisition suit son cour car c’est le terme qu’ils emploient pour vous délester de tout ce qui les intéresse ou pense les intéresser, je vous assure que lorsque vous avez 6 à 8 personnes qui fouillent votre domicile vous n’êtes plus en état de suivre ce qui se passe. Vous êtes spectateur du cambriolage de votre domicile.Après 2 ou 3 heures de ce régime vous n’êtes déjà plus le même, des millions de questions vous traversent l’esprit et bien évidemment on ne répond à aucune d’entre elles si ce n’est par des ‘’on verra plus tard, on en causera plus tard ‘’. Psychologiquement vous êtes dans la peau d’un coupable.
Une fois le pillage en règle de vos biens, la destruction de certains et la mise hors service de matériels dont le prix est le cadet de leurs soucis, on vous permet de vous habiller plus décemment, mais comme vous ne savez rien de ce qui va se passer vous sauter dans les premiers vêtements que vous trouvez par terre car vos armoires ont été vidées.
Et vous voila conduit manu-militari dans le véhicule des assaillants. Vous ne savez pas où l’on vous emmène ni pour combien de temps, si vous avez des enfants ou des animaux on vous répond que l’on téléphonera à quelqu’un de proche pour régler le problème .Il est au environ de 10h du matin et vous avez déjà perdu la notion du temps ainsi que celle de la réalité car tout les scénarios passent dans votre tête. Vous passer en revu tout les soucis que ce kidnapping va entraîner (travail, famille santé etc…) les idées s’entrechoquent sans que vous puissiez établir une ligne claire de réflexion.
Les véhicules roulent à tombeau ouvert, j’ai vu des vitesses de + de 160km/h sur la voie express.
Après l’incompréhension, arrive la peur, enfin vous arrivez à destination, en règle générale le commissariat de Rennes.

La mise en GAV (Garde à Vue ) est un moment très difficile à vivre car en quelques minutes vous vous retrouvez nu devant un étranger qui vous regarde sous toutes les coutures, tout ce qui fait de vous un homme vous est retiré ( Bijoux, alliance, médaillons quels qu’ils soient ) tous vos derniers biens vous sont confisqués et on vous met dans une cellule avec plusieurs personnes, ou seul suivant la place dont ils disposent, et avec interdiction de communiquer car il est très rare que les kidnappings ce fassent pour une seule personne.
La rafle est un outil très pratiqué par la police française.
Quelques temps plus tard une personne vient vous chercher pour établir un fichier (photo, empreintes ADN etc..) pour ma part je me suis retrouvé en slip devant une femme que je ne connaissais bien sûr pas, encore un morceau de mon humanité qui s’est envolé. De la tête aux pieds, chacun de mes tatouages a été pris en photo.
Cet exercice terminé on vous replace dans la cellule et le temps commence à défiler, vous ne savez plus quelle heure il est, vous n’avez accès pas plus aux toilettes qu’à l’eau potable, vous êtes obligé d’attendre le bon vouloir de vos geôliers pour enfin satisfaire vos besoins naturels, encore un morceau d’humanité qui s’évanouit et le temps passe.
Enfin un de vos kidnappeurs vient vous chercher et vous conduit, dans les dédales de cette usine à répression, jusqu’au bureau où va commencer le premier interrogatoire. On commence par vous questionner sur votre identité, votre situation de famille, vos revenus et autres éléments qui font de vous un être humain à part entière, chose que vous n’êtes plus et cela on vous le fait bien comprendre. Entre 2 et 3 heures plus tard on vous demande de relire et de signer un PV encore un moyen d’avoir votre approbation . On vous redescend dans les geôles et le temps passe.
On vient vous chercher pour voir le médecin, qui ne connaît rien à votre dossier, il aurait été trop long et trop facile d’appeler le confrère qui vous suit afin d’avoir les renseignements , mais non c’est l’usine, donc le praticien fait son travaille en limitant au minimum l’examen (tension, pouls) dans mon cas j’étais à 16/8 de tension avec un pouls à 140 ( Je suis cardiaque et ai déjà fait au moins 2 crises). Après le questionnaire d’usage, il valide la GAV sans aucun problème. Il donne les consignes aux geôliers pour la distribution des médicaments et passe au suivant. Durant tout le temps que durera la GAV, la bataille consistera à obtenir le médicament en frappant à la porte pour
qu’un geôlier vienne enfin voir ce qui ce passe.
Votre kidnappeur attitré vient vous chercher afin que le juge vous signifie votre prolongation de GAV, aujourd’hui cela se fait par vidéo conférence et prend moins d’une minute montre en main et vous voilà prolonger de 48h supplémentaire.
Le soir venu on vous propose à manger, à ce sujet je me dois d’être un minimum objectif car, même si tous, nous trouvons la nourriture infecte, c’est plus dû à notre stress qu’à la réalité, en effet ce sont des plats cuisinés, certes de bas de gamme mais les mêmes que dans le commerce. Et on vous offre une couverture de survie et un matelas de 10 cm de mousse que vous devez étaler par terre.
Dans mon cas nous étions 5 dans la cellule et pour dormir nous devions nous serrer et mettre les matelas de manière à avoir tous une place. Pour aller aux toilettes nous devions enjamber les camarades d’infortune en faisant bien attention de ne pas les réveiller. Et la nuit passe entre moments de sommeil léger et moments d’intense cogitation.

Le matin arrivant par les vasistas nous voyions le jour se levé, le temps continu à suivre son cours entre le médecin acte 2 (qui bien sûr n’est pas le même que la veille ) et les ‘’ interviews ‘’ ou le jeux du chat et de la souris prend tout sons sens.

Je ne vais pas ici vous décrire en détail ces interrogatoires qui sont construits uniquement afin que vous disiez des choses qui puissent être retenues à charge par la suite. La vie de chacun de nous quand elle est passée au crible et mise sous le microscope devient un outil à charge, tout y passe la lecture, les sites internet que vous consultez, les écrits que vous pouvez avoir publiés dans telle ou telle circonstance, mais la circonstance on en a cure seul le résultat compte. Et le temps continu, les interrogatoires se succèdent, il faut savoir que nous ne sommes pas tous traiter de ma même manière en fonction de la personne en charge de l’interrogatoire, pour mon cas je n’ai pas eu le droit de fumer une seule cigarette durant toute la GAV, d’autres y ont eu le droit après l’interrogatoire, en fonction de l’humanité de leur référent…
A un moment le geôlier vous ouvre le porte de la cellule et vous dit ‘’ vous êtes libre … ‘’ après un moment vous demander candidement « je suis libre ça veux dire je rentre chez moi ? Oui c’est ça et on vous fait faire le chemin inverse de votre arrivée, vous récupérez toutes vous affaires. Petit à petit vous retrouvez votre stature d’homme et vous regardez votre portable car la question se pose, je fais quoi moi maintenant .vous vous rendez compte que la batterie de votre portable est presque vide.
Lors de votre arrestation seule votre carte d’identité a été prise et vous n’avez pas pensé à prendre votre CB et votre porte monnaie, ce qui fait que vous êtes des centaines de KMS de chez vous sans argent. Après avoir rassuré vos proches un plan de récupération se met en place, je tiens au passage à remercier les gens qui on fait des pieds et des mains pour nous récupérer, nous offrir une douche et un moment de détente pour nous sortir au mieux de cette aventure.
Par contre aucune explication aucune excuse de la part de mes kidnappeurs.
Résultat des courses je suis rentré chez moi après + de 60h où j’ai été mis en dehors de la société, j’ai été une marionnette que l’on pouvait placer, déplacer à sa guise, j’ai été tutoyé, pas insulté ouvertement mais par sous- entendu, traité d’alcoolique, ils ont utilisé les informations les plus intime de ma vie privée.
Le retour à la maison fini de vous mettre à genoux. Votre maison, votre sanctuaire, dévasté, votre matériel inutilisable, vos papiers personnels jetés à terre, mélangés car pour voir un dossier papier on l’ouvre et on le vide au sol, ainsi quand vous rentrez vous avez des heures et des heures de rangement, vos vêtement sortis des armoires, j’en passe et des meilleurs.
Personnellement il m’aura fallu plus d’une semaine pour reprendre ma vie en main et réussir à dormir réellement, plus de 15 jours pour soigner la crève que j’ai attrapé dans leurs geôles. Encore aujourd’hui, presque 1 mois après, je trouve encore des traces de leur passage.
Pour terminer : Je suis sortie sans aucune inculpation ni quelque procédure que ce soit, maintenant ça va être à moi de me battre pour récupérer tout ce qui a été volé à mon domicile et bien sûr je n’ai pas de liste exacte de ce qui a été saisi. Cette action risque de prendre plusieurs mois voir années.
Merci à tous ceux qui nous ont accompagnés dans cette épreuve et qui nous ont aidé en nous récupérant à la sortie. + de 60h sans pouvoir se laver, sans pouvoir se changer, + de 60 h à mariner dans notre propre sueur au milieu des vomis et des odeurs d’urine.
Voila ce qu’est une GAV pour un politique et chacun de nous est une cible en puissance. »

 

Eloquent non? Ces mots sont ceux d’un innocent, tout juste est-il coupable d’être lui-même et de croire qu’au dit-pays des droits de l’homme, la signification « Liberté » n’a pour limites que celles décidées par Pariz, à un instant T, pour tout citoyen lambda.

Se sentir breton plus que français!

TEMOIGNAGES / Morgan

Combien sont-ils ces jeunes, qui comme Morgan, sont habités par Breizh, la voit s’effacer inexorablement et sont à peine écoutés?

« Je n’avais pas d’autre choix que de le rejoindre en Bretagne, il ne voulait pas partir », taquine, presque sans rire, sa petite amie. Il faut dire qu’à peine sorti du berceau, le jeune homme a été baigné dans la culture bretonne, et notamment sur le chemin de l’école. De la maternelle jusqu’au lycée, Morgan a fait ses classes dans les écoles Diwan, une fédération d’écoles associatives essaimées à travers la Bretagne historique, et où l’ensemble des cours sont en breton. « J’en garde une bonne expérience. Cela m’a permis d’apprendre la langue mais aussi la culture bretonne », se réjouit-il.

La suite de l’interview sur:

le jdd, Europe 1