Istoerioù Breizh, par Kolaz Granig

L’histoire n’est pas une simple matière scolaire destinée à ennuyer nos enfants, elle constitue une succession  d’évènements donnant explication sur ce qui existe aujourd’hui. Seulement voilà! Dès lors que celle-ci est tronquée, que l’on tait certaines pages, qu’elles soient noires car honteuses ou qu’il soit intéressant de les boycotter pour asseoir une politique arrangeante, ce qui était la vérité d’hier, devient un déni historique sur lequel on construit une société formatrice de bons citoyens ignorant leur passé, oubliant leur identité…

Force est de constater que depuis bien longtemps, l’Education nationale de nos voisins français ne remplit pas pleinement son devoir d’instruction, les enfants de Breizh ignorant la véritable histoire de Bretagne, celui de leurs ancêtres, au point qu’aujourd’hui la majorité d’entre eux ignorent qu’ils sont bretons et regardent de travers quand ce n’est pas de haut, ceux qui essaient de leur dire des vérités. Pas la vérité de bretons indépendantistes, la vérité tout simplement ; même si elle leur est tue, elle est sous leurs yeux, dans des livres de l’histoire de France, dans les archives nationales, dans les musées.

De nombreuses pages de l’histoire de Breizh n’ont pas effacé par les Dakotés, par oubli ou tout simplement parce que Breizh et France partagent des pages communes (la plus connue: Anne de Bretagne, Duchesse de Bretagne mais aussi deux fois Reine de France).

Et puisque notre histoire n’est pas enseignée à nos enfants, certains autodidactes ont décidé de prendre les devants en utilisant tous les supports permettant de raconter notre réelle histoire de Bretagne. Par les livres d’historiens (ex: Louis Mélennec), par les bandes dessinées, par la musique, via le net…. il appartient à tous les conscientisés de produire sinon de partager, toutes les paroles de breizh au plus grand nombre.

Kolaz Granig est un de ces défenseurs de Breizh qui participent activement à ce que nos enfants aient accès à à leur histoire, en vulgarisant de courtes vidéos sur YouTube. Vous trouverez donc ci-dessous, les liens vous donnant accès à certaines pages de votre histoire.

(Cet article sera réactualisé autant que faire se peut.)

Tugarez vras dit Kolaz!

-56 av. J-C – Les Vénètes contre César

40 – Boudicca, La Reine Guerrière

856, fév. – Salomon l’apogée du Royaume Breton, Partie I

867 – Salomon l’apogée du Royaume Breton, Partie II

874, 28 juin – La guerre de succession du Royaume Breton

1187 – Arthur Ier le Duc assassiné

1184 – Aliénor De Bretagne

1393 – 1458, 26 déc. – Arthur III, Du connétable de France au duc de Bretagne

1673 – Duguay Trouin Corsaire Malouin

1751 – Armand de la Rouërie I, héros de la guerre d’indépendance Américaine

1784 – Armand de la Rouërie II, contre-révolutionnaire Breton

1870, 2 sept. – 1871 – Le Camp de Conlie, des Bretons sacrifiés

22 & 23 août 851, bataille de Jengland

Nous ne pouvions pas saisir l’occasion aujourd’hui de commémorer la victoire bretonne de Jengland sur l’armée franque de Charles le Chauve: la bataille se déroule les 22 et 23 août 851, sur les terres du Grand-Fougeray (1) (Il-ha-Gwilen, entre Roazhon & Naoned).

Nombreux sont ceux qui connaissent Tad ar Vro, Nominoë, celui par qui la Bretagne fut unie pour bouter hors de ses frontières les troupes franques (souvenez-vous, bataille de Ballon/ Bains-sur-Oust), quelques mois plus tôt. Sa disparition le 7 mars 851 fut une aubaine pour le Roi des Francs, Charles VII le Chauve, lequel, défaits par deux fois avait dû renoncer à ses prétentions sur l’Armorique. Il ne comptait pas de si tôt se frotter aux cavaliers emmenés par un chef de guerre hors pair…

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851, juillet: les troupes franques arrivent!

Après avoir consulter ses frères Lothaire et Louis en mai 851 à Meersen (Pays-Bas), Charles le Chauve décide d’asseoir son autorité sur la Bretagne et fait venir ses troupes en juillet, dans la vallée du Loir, autour de Lézigné.
De leur côté, les Bretons pouvaient compter sur un nouveau chef, Erispoë, fils de Nominoë, lequel affirme son pouvoir d’héritier. Levant une armée, il traverse la Vilaine pour attendre les Francs sur le territoire du Grand-Fougeray.

851, 16 août: Charles le Chauve est campé à Juvardeil (près de Duretal, Maine-et-Loire), mais…
Charles le Chauves prend le risque d’attendre un mois et demi pour livrer bataille, risque car l’obligation de l’ost de dépasse pas 40 jours. Mais le roi Francs craint le fils de Nominoë – a t-il hérité de ses talents de chef? – notamment depuis qu’il a appris que Lambert, (un Francs, ancien Comte de Naoned qu’il déposséda de son comté) faisait alliance avec lui. Peut-être espérait-il que les Bretons ne viennent à lui pour l’attaquer dans son camp retranché en Anjou?
Mais Erispoë avait choisi la prudence en choisissant l’attente au Nord-Est de Vannetais. Las d’attendre, Charles le Chauve se trouve dans l’obligation d’avancer plus à l’Ouest. Est préféré la voie d’Angers à Carhaix à celle de la Loire et Naoned en raison de l’alliance de Lambert. L’armée franque allait se retrouver face aux troupes bretonnes stationnées près du Grand-Fougeray(1), lesquelles avaient eu loisirs de se préparer à livrer bataille…

851, 22 & 23 août: l’affrontement
On ne change pas une tactique qui fit ses preuves! Erispoë compte sur la mobilité de sa cavalerie pour prendre l’avantage et semer le désordre dans les rangs ennemis, essentiellement composés de troupes à pied.

Les forces en présence: 1.000 cavaliers côté breton face à une armée franque composée de 4 à 6.000 hommes (mercenaires saxons inclus).

Au 1er jour, les cavaliers Bretons brisent la première ligne franque composée de mercenaires Saxons pourtant aguerris à la guerre de mouvement, se réfugiant derrière la seconde ligne. Pris au dépourvu, c’est la débandade. Ne pouvant lutter contre la mobilité des cavaliers et leur adresse au javelot, la cavalerie franque est de guère soutien. La panique repris dès le second jour. D’importants dignitaires Francs sont tués (notamment le Comte Vivien de Tours et le Comte Palatin Hilmerau) et les Bretons massacrent tous les Francs essayant de se détacher en colonne. Au soir, les meilleurs hommes sont tombés, Charles le Chauve choisit la fuite.

Au matin du 3ème jour, le 24 août, lorsque les soldats Francs s’aperçoivent que leur Roi les a abandonné, paniquent et tentent de fuir. La prise du camp des Francs avec ses trésors et ses armes n’est plus qu’une formalité pour Erispoë…

Défait à nouveau contre les troupes bretonnes, Charles le Chauve abandonne l’idée d’une nouvelle expédition, d’autres fronts méritant son attention.

Négociations: le traité d’Angers

Erispoë est reconnu maître du regnum breton, reçoit les comtés de Roazhon et de Naoned ainsi que le vicaria de Retz. Obtenant mieux que le missaticum de son père, il accepte d’entrer dans le système politique carolingien dans le cadre d’un royaume subordonné. Il accepte de faire appliquer dans son regnum la législation carolingienne (dont la législation religieuse).
Par cet accord d’Angers, Charles le Chauve reconnaît donc Erispoë pour Roi de Bretagne (la Bretagne devient officiellement un royaume et Erispoë, 1er Roi de Bretagne), s’engageant à ne plus jamais contester les pays de Rennes, Nantes et de Retz. Les frontières du futur duché de Bretagne sont ainsi délimitées.

En 856, à Louviers, un mariage sera programmé pour renforcer les liens avec le roi des Francs: une des filles d’Erispoë épousera Louis le Bègue, fils de Charles le Chauve. Erispoë cèdera le Duché du Mans à Louis le Bègue, le désignant comme prince pour régner sur ce territoire.

Les relations entre la Bretagne et la Francie occidentale s’adoucissent, à défaut d’une alliance solide, elle permettra de contrer les nouvelles incursions Vikings.

croix

« Trec’h amañ e savas kadourion Vreizh gant Erispoe unded ar vro d’an 22 a viz Eost 851 » (Victorieux ici, les combattants bretons avec Erispoe construisirent l’unité du pays le 22 août 851)

 

Remises en cause du traité d’Angers

Entre le 2 et le 12 novembre 857, Erispoë sera assassiné sur l’autel de l’église de Talensac, par son successeur désigné et cousin: Salaün (Salomon) aidé de son cousin Alcmar (2). La raison: la crainte de voir les Francs s’emparer de la Bretagne après le mariage de la fille d’Erispoë et Louis le Bègue.
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863: la paix d’Angers est remise en cause par Salaün, ce dernier repartant en guerre contre Charles le Chauve. Salaün poussera les troupes bretonnes jusqu’à Orléans, et par le traité d’Entrammes, il obtiendra le territoire « Entre deux rivières », la Mayenne et la Sarthe.

868: Salaün étend encore les frontières de Bretagne en acquérant par le traité de Compiègne, le Cotentin, l’Avranchin et les îles Anglo-Normandes. A cette date, la Bretagne atteint son extension géograhique maximale.
(1) Controverse quant au lieu de la bataille
Si en majorité les spécialistes s’accordent pour Jengland-Beslé au lieudit de la commune de Guéméné-Penfao (Liger Atlantel), d’autres la situe au Grand-Fougeray (Il-ha-Gwilen).

(2) Salaün se retirera dans un monastère pour expier le meurtre d’Erispoë, mais en 874, il sera à son tour trahi par un proche, son gendre Pascweten et par Gurvant, gendre d’Erispoë. Il sera livré aux Francs, on lui crèvera les yeux pour l’assassiner le lendemain.