Pour Que Vivent Nos Langues!

Communiqué n°2020.02-01

Combien de temps et combien de textes faudra t’il attendre pour que les langues régionales de France puissent disposer de réelles traductions de cette « volonté » française de sauvegarder son patrimoine linguistique?

Pour que vivent nos langues

Le 5 février dernier, un nouveau texte(1) déposé par 19 députés, « Proposition de loi n° 2548 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et leur promotion » et porté par Paul Molac, opiniâtre député breton du Morbihan, passait devant la Commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Des neuf articles initiaux, six furent supprimés; vidée de sa substance en commission, c’est seulement trois articles que devra donc défendre notre député jeudi 13 février devant l’Assemblée nationale: deux articles sur le patrimoine et un sur la signalétique bilingue, c’est tout ce qui reste de la proposition initiale. Exit tous les articles relatifs à l’enseignement qui proposaient de généraliser sur certain s territoires la proposition d’enseignement de la langue régionale, de sécuriser les expériences d’immersion dans l’enseignement public et de financer les écoles associatives.

De cette « Volonté » d’inscrire en 2008 (par la LOI constitutionnelle n°2008-724 du 23 juillet… – art. 40)   « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. » dans la Constitution française (Article 75-1) aux guillemets qui s’imposent en raison de cette insuffisance patente à vouloir défendre un patrimoine en réel danger, la mentalité jacobine reste de mise.

« l’unité n’est pas l’uniformité »

Fidèle à son rang de pays le plus centralisé d’Europe (avec la Turquie), la mentalité des dirigeants français et de la majorité des élus siégeant à Paris, campent sur cette « Unicité de la République » et sur l’unique langue officielle qu’est le français. Donner plus de place aux langues régionales reviendrait à mettre en danger la langue française et affaiblirait la culture française. Les plus fervents opposants agitent le spectre de velléités indépendantistes… Ce qui ne pose aucun problème chez nos voisins européens, considérant que la diversité est une richesse, l’esprit jacobin préfère confondre Unité et Uniformité…

Sans vouloir rappeler à ces esprits obtus l’antériorité des langues régionales autochtones à la langue française, et que leur déclin est le pur produit de la politique française infligée depuis des siècles, au nom de l’unité, les dirigeants français ont préféré asseoir autoritairement une langue à tout le territoire hexagonal au détriment de cette richesse linguistiques et culturelles dont la France aurait pu tirer tous bénéfices. De nos langues maternelles qui constituent notre identité comme du territoire où nous vivons, nous cultivons un art de vivre obligatoirement différent de celui qui vit à Paris. Vivre ce que l’on est un droit, il est défendu par le Droit international, ce dernier prévalant sur le Droit national. Or, tout pays signataire de traités contraignants  accepte en les ratifiant, de les respecter, y compris lorsqu’on s’appelle France(2)!

En matière de Langues, celles-ci constituent un droit porté par la « Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques »  , à bon entendeur…

Question de démocratie…

Nonobstant, en vient la question de la démocratie: nous sommes depuis très longtemps bien loin de cette voix du Peuple qui vient imposer des textes à Paris. Ses élus, députés et Sénateurs ont beau provenir des quatre coins de l’Hexagone – on n’oubliera pas les « parachutages » de personnalités politiques qui seront plus enclin à voter selon les directives de leur parti plutôt qu’au bénéfice de leur circonscription – tous les textes servant les intérêts régionaux sont systématiquement recalés, voire dénaturés.

Malgré les intérêts communs, nous sommes en droit de nous interroger sur un bon nombre de parlementaires quant à leur propension à défendre les intérêts des administrés de leur circonscription: seuls 52 élus, issus de 7 groupes politiques avaient signé l’appel(3) lancé par le collectif Pour Que Vivent Nos Langues au rassemblement auquel nous avons participé le 30 novembre dernier à Paris. 

Il suffit d’entendre un député arguer qu’il n’a pas signé un texte relatif à nos droits pour la simple et bonne raison qu’une partie lui déplaît, ou pire, parce qu’il est contraire aux directives partisanes ou parce qu’il y est personnellement opposé! Tout représentant du Peuple qui se respecte ne devrait-il pas se soumettre à la seule volonté de ces électeurs?

Nous invitons chacun à alerter d’ici mercredi 12 février son député(4) pour l’intimer à soutenir la Proposition de Loi n°2548 sur les langues régionales avec ses dispositions d’origine sur l’enseignement et les actes d’état civils.

Pour la stricte application de nos droits relatifs à nos langues et notre culture,

Pour que vivent nos langues…

 ___________________________________________________________________________________________________________        (1) Proposition de Loi en 9 articles, comprenant des dispositions sur le patrimoine (articles 1 et 2), l’enseignement (articles 3 à 7), les services publics via la signalétique et les actes d’état civils (articles 8 et 9)
(2) Traités signés & ratifiés par la France                                                                                                           ICCPR – Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques, New-York, 16 déc. 1966 / (ratifié le 4 nov. 1980)
ICESCR – Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels, N-Y, 16 déc. 1966 (ratifié le 4 nov. 1980)
ICCPR-01 – Protocole facultatif se rapportant à l’ICCPR  / (ratifié le 17 fév. 1984)
ICESCR-OP – Protocole 3.a facultatif se rapportant à l’ICESCR / (ratifié le 18 mars 2015)
(3) Lettre ouverte et signataires de l’appel
(4) l’adresse mail de votre député par code postal

Décolonisons nos Régions (colloque)

Colloque: DECOLONISONS NOS REGIONS
Organisateur: REGIONS & PEUPLES SOLIDAIRES

Mercredi 22 mars, Paris IXème (8, rue d’Athènes)
COMPTE-RENDU

Participants
David Grosclaude, journaliste
Richard Werly, quotidien suisse Le Temps
Marius Blenet, radio Lengadoc
Sonia Galtié, porte-parole pour les affaires extérieures d’Esquerra Republica de Catalunya
Jean Tellechea, adjoint au maire d’Urrugne
Lorena Lopez de la Calle, élue au EH (Euskal Herria) Bildu en Alava, vice-présidente de l’ALE
Ana Miranda, eurodéputée (ALE, Alliance Libre Européenne) représentant le BNGa (Galice)
Paul Molac, député                                                                                                                                 François Alfonsi

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Introduction par:
Gustave ALIROL, Président de Réguions & Peuples Solidaires
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Le récent découpage des régions de l’Hexagone a accouché de régions grandes, uniquement par leur superficie.
Une donnée parlante: le budget de l’ensemble de toutes les régions françaises (y compris Ile-de-France) est inférieur au budget de la Catalogne seule et même de la Bavière. Aucune puissance économique pour les régions françaises, aucun pouvoir donc!
Les régions françaises sont soumise aux Métropoles!
Exemple: Lyon. Autant d’élus pour la ville de Lyon que pour l’ensemble des 4 départements de l’ancienne région Auvergne.
Le problème de reconnaissance des spécificités de chaque territoire.
L’ « homéostasie administrative »: tout changer pour ne rien changer en faisant croire que l’on va changer les choses.
Représentativité tenue par le Conseil Constitutionnel: un élu pour x habitants.
La fusion de départements va nécessairement diminuer le nombre d’élus.
Un même nombre d’élus pour chacun des territoires, serait en adéquation avec les spécificités territoriales mais induirait une représentativité différente quant au nombre de citoyens représentés.
Comité des villes et des régions (Union Européenne): créé à la demande de la France, son rôle n’est que consultatif.
Participation des régions à l’U.E: il serait souhaitable que de soient les régions qui votent et non les Etats.
« La France brade les intérêts des territoires »
Les langues en témoignent mais pas que.
Pour un Sénat des région auprès de l’U.E: pour une démocratie territoriale.

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Jan LEUMANS, Président du Parlement Flamand
Indéniablement favorable à une indépendance de la Flandre (induisant celle de la Wallonie)
Il est vital que les régions acquièrent un maximum de compétences. Plus elles en ont, plus elles peuvent prétendre à l’indépendance.
Budget de la Flandre: 42Mds d’€, en augmentation chaque année.
« L’indépendance, ce n’est pas moins de solidarité! »
La solidarité envers les voisins est vitales pour la survie des PMI comme pour les consommateurs.
CETA: « c’est le Parlement qui doit traiter et non l’Etat. »
Relations extérieures:
Aucun contact avec des régions françaises, car tout est réglé par Paris.
Exemple: le Ministre de la Justice en Bavière a plus de pouvoirs que le Ministre de la Justice de la Fédération allemande.

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Richard Werly, quotidien suisse Le Temps
Bien que ne faisant pas partie de l’U.E, la Suisse a dû signer une centaine d’accords bilatéraux. C’est ce qui attend le Royaume-Uni suite au Brexit.
Référendum suisse en 1992: NON
La question concernait l’entrée de la Suisse dans la zone périphérique de l’U.E; Norvège et Islande ont voté « oui » pour la même question.

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Sonia GALTIé, porte-parole pour les Affaires Extérieures d’Esquerra Republica de Catalunya
Petit historique:
Avant 2005: 72 députés indépendantistes (avant: 2 seulement). Que s’est-il passé?
2005 voit l’arrivée d’un nouveau statut d’autonomie pour les régions, statut remplaçant le vieillissant statut de 1972. Le Parlement de Catalognbe adopte le nouveau statut.
Circuit constitutionnel: le texte adopté au Parlement catalan, par pour Madrid, lequel texte revient au Parlement catalan pour une adoption finale (similaire au système français: Ass.nationale – Sénat – Ass. nationale). Mais passant par Madrid, le statut change, mais « la Catalogne est une Nation » est toujours présent dans le texte.
Le Parlement catalan décide alors d’organiser un Réferendum pour que le peuple puisse approuver le statut en l’état, même après avoir été modifié par le con,grès des députés à Madrid.
Résultat: 80% OUI (2,5 millions de votants / participation: +50%).
2010: le Tribunal Constitutionnel de Madrid réinterprète 41 articles du statut, et disparaît la notion « Catalogne est une Nation ». 8 juges viennent de décidre pour plus de 2,5 millions d’âmes: un déni, un affront.
Juillet: 1,5 Millions de catalans dans les rues. La société civile catalane (réseau très dense) se mobilise, les manifestations prennent plus d’ampleur.
2011: le parti populaire arrive en tête à Madrid, sans avoir la majorité absolue. Conséquence: un durcissement avec la catalogne.
2012, 11 sept.: chaîne humaine! 400 km couverts! Est née « la Révolution du sourire »
2013, 11 sept.: 2,5 millions de catalans dans les rues
(le 11 sept. est la fête nationale de la Catalogne, commémoration de la défaite des Catalans en 714).
Arthur Mas annonce que s’il est élu, il organisera un Réferendum. Elu, sa demande auprès de Madrid essuie un « non ». C’est donc une Consultation (non-contraignante) qui se fera.
2014, 9 nov.:
Question: « Voulez-vous que la Catalogne deviennent un Etat et voulez-vous qu’elle adhère à l’Europe? »
2015, 27 sept.: les élections sont remportés par un projet d’union, et non plus par un projet porté par un seul parti. 72 députés sur 135 sont indépendantistes et appuient le projet. La feuille de route: 18 mois pour organiser un Réferendum (ce qui nous amène à sept.2017)
2017, mars: Arthur Mas et deux autres personnes sont condamnés à des amendes (36.000€ chacun) et deux ans d’inélligibilité.

Sonia Galtié soulève que le Parlement catalan tient à avoir un dialogue avec tout le monde: Etat & Régions. Les relations sont des ponts, des chemins nécessaires et incontournables avant de pouvoir parler de suite de reconnaissance.
« On peut exister sans être reconnu! »
Elle rappelle que le Parlement ne prendra aucune décision pour le peuple, i.e, que seul ce dernier décidera ce qu’il adviendra de la Calalogne.
A prirori, le prochain Referendum ne comportera pas une question double, la question de l’adhésion à l’U.E se sera sans doute pas posée. Pour rappel, les écossais avait « intégré » cette question pour le Brexit.
Question de la salle: « en quoi la Catalogne peut être un modèle statégique pour les régions françaises? »
Sonia G.: « Les deux députés de 1972 et leur génération, constituent un noyau dur encore actif et ayant fait des émules.
Sonia G. revient sur cette ritournelle à laquelle les indépendantistes catalans sont souvent interpellés: c’est parce que la Catalogne est riche qu’elle veut se séparer de l’Espagne et donc ne pas être solidaire aux régions moins bien loties! Ce à quoi elle répond que la solidarité s’entend dès lors que l’on est décideur de donner et non pas contraint!

Quelques données:
9% PIB de la Catalogne part à Madrid
Les autoroutes en Espagne sont gratuits, sauf en: Catalogne, Pays Basque et Galice

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Lluis LLACH
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Jordi SOLé
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Jean TELLECHEA, Adjoint au Maire d’Urrugue
Pays Basque Nord
2017, 1er janvier: une réalité institutionnelle pour le Pays Basque français. Pour la 1ère fois, 158 communes sont regroupées en une seule collectivité.
Un millier de volontaires réfléchissent sur leur société pour les 20 ans à venir.
1992: sortie d’un diagnostic de la société basque. Sont nées des conventions et 57 projets ont été financés (sur des plans quinquénaux) par deux associations de type Loi 1901 missionnées par le gouvernement français.

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Lorena LOPEZ DE LA CALLE, Elue E.H (Euskal Herria) Bildu en Alava, vice-rpésidente de l’ALE
Pays Basque Sud
Lorena L. souligne l’importance de la société civile, qui a su se mobiliser pour inciter les partis politiques à se réformer.
2017, 17-18 mars à Biarritz: avait lieu une conférence où la société civile catalane fixa au 8 avril prochain, le désarmement de l’ETA. Ce pas est une condition sine quanon pour que soit abordé le secon volet: l’ndépendance.
2017, 19 mars: 1ère consultation citoyenne réalisée sur 35 villages concernant l’indépendance
Résultats encourageants: le « oui » l’emporta.
Participation: 25% seulement pourrait-on dire. Pour rappel, dans les mêmes conditions, la Catalogne enregistrait 18% de participation.
D’autres consultations vont suivre, chaque fois avec des communes de plue en plus grandes.
Relations extértieures
Pouvoir conventionner directement avec les territoires voisins.
« Pour la Catalogne, c’est trop tard! D’une façon ou d’une autre, elle partira »
Un long chemin reste à parcourir pour le Pays basque…

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Ana MIRANDA, euro-députée ALE pour BNGa (Galice)
Situation de la Galice: périphérique (comme Breizh)
Ana M. donne pour exemple le problème de la mobilité dès lors que l’on veut quitter la Galice. Pas de liaisons quotidiennes pour Bruxelles, ce qui l’oblige à partir depuis Porto. Il existe pourtant 3 aéroports en Galice…

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Jozep Maria TERRICABRAS, député européen (EFA)
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Paul MOLAC, député du Morbihan
Paul M. a abordé les difficultés pour un député breton de défendre des lois en faveur des langues régionales comme pour la réunification, dénonçant au passage les députés bretons qui ne se mobilisent pas dès lors que la Bretagne est directement concernée par la discussion ou le vote de texte, de même pour ceux qui votent sciemment à l’encontre du desiderata de leur propre électoral, préférant les consignes de vote partisane.

Ayant dû quitter le colloque avant la fin pour des raisons professionnelles, je vous prie de l’excuser du manque d’informations complémentaires et même de la conclusion qui a pu être faite par David Grosclaude.

Y.V

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La Charte qui dérange Bro C’Hall

CHARTE EUROPÉENNE DES LANGUES REGIONALES MINORITAIRES AUTOCHTONES

Une nouvelle proposition de loi en cours! Souvenez-vous,  le 14 janvier dernier,  une proposition de loi de Paul Molac sur les langues territoriales avait été rétoquée pour une voix seulement à l’Assemblée nationale.

Ce lundi 23 mai, une rencontre est prévue à l’Elysée dans l’espoir de trouver un texte consensuel. Y participeront
Paul Molac, Sylviane Alaux et la sénatrice Frédérique Espagnac, entre autres, et un conseiller à l’éducation de François Hollande.

Pour rappel:
– La Charte européenne des Langues Régionales Minoritaires Autochtones fut signée en 1999 par les D’A-côtés, elle n’est toujours pas ratifiée!
– Sa ratification était une des promesses du candidat François Hollande.
– L’enseignement immersif doit faire face à cette loi Falloux, un texte remontant à 1850 et sur lequel l’Education national profite pour empêcher les financements publics des Ikastola.
– En 2008, l’article 75 de la Constitution fut amendé. Celui-ci stipule que les langues régionales font partie intégrante du patrimoine de la France.

Question de volonté

Si comme pour tout, tout est question de bonne volonté, le moins que l’on puisse dire, c’est que côté Bro-C’hall, la démonstration est sans équivoque: rien ne changera!
Quand bien même, Breizh aura les plus ardents défenseurs parmi les parlementaires,  Constitution et Conseil d’Etat (entre autres) viendront faire barrage.
Et si vous lorgnez côté région administrative Bretagne, en constatant le faible budget alloué à la langue bretonne, vous comprendrez amèrement que même les premiers concernés ont une curieuse volonté de défendre leur propre langue.

Aussi doit-on en conclure que les efforts de cette poignée de parlementaires sont vains?
Certes non. Il faut utiliser tous les leviers, et il ne saurait être question de nous en prendre à ceux qui n’ont pas oublié leur représentativité.

Cependant ces derniers font partie de ce rouage républicain qui spolie Breizh depuis trop longtemps, au mépris des lois et de l’entendement.

Nous conclurons simplement sur cette citation de la députée Sylviane Anaux:
« Le français aussi a été une langue régionale avant de devenir la langue de l’unité. »
L’antériorité incontestable de nos langues et de nos identités ne constituent pas de simples arguments passéistes pour revendiquer un droit d’existence. Faut-il rappeler à quel prix la langue française put devenir la langue de l’unité, alors même que la patrie dite des droits de l’homme prône des idées d’Egalité et de Liberté? Faut-il rappeler que les D’A-Côtés dérogent à des textes internationaux et passent outre les condamnations d’organisations telle que l’Unesco?

Naiz Euskadi, actualités, 13 mai 2016