BREIZH ISTOR / GALETTIÈRE DATANT DU XIIIÈME SIÈCLE /ÉCOMUSÉE DES MONTS d’ARRÉE / LANDÉVENNEC / FINISTÈRE (29)
EXPOSITION « Quand la crêpe devient bretonne » au MUSÉE de l’ANCIENNE ABBAYE de LANDÉVENNEC
Les MOINES qui vivaient à l’ABBAYE de LANDÉVENNEC au MOYEN ÂGE faisaient des CRÊPES
Quand l’archéologie retourne l’histoire de la crêpe !
« Grâce à l’archéologie, on peut aujourd’hui développer une temporalité et une histoire, différentes de la crêpe bretonne, poursuit le directeur du musée de l’ancienne abbaye, Bernard Hulin.
Elle n’est plus seulement cette nourriture de sauvages que l’on prétendait au XIXe siècle, jusqu’au développement du tourisme, ni celle de nos crêperies modernes. »
Guénolé Ridoux montre le morceau de GALETTIÈRE trouvé dans les « POUBELLES » MÉDIÉVALES de l’ancienne abbaye de LANDÉVENNEC, qui a permis de reconstituer l’objet intégral, est à la base du projet 2020 du MUSÉE.*( Photo 1)
Dans les fosses de l’ancienne abbaye de Landévennec (Finistère), des céramiques médiévales ont été retrouvées.
Les MOINES qui vivaient à l’ABBAYE de LANDÉVENNEC au MOYEN ÂGE faisaient des CRÊPES. C’est l’une des conclusions des travaux scientifiques très sérieux menés depuis cinq ans par l’équipe du musée de l’ancienne abbaye. Ces avancées scientifiques font bouger la chronologie du plat régional le plus populaire et donnent lieu, aujourd’hui, à une exposition et une publication.
Mais tout remonte à une dizaine d’années. Un fragment en argile, de la forme et de la taille d’une part de pizza, est retrouvé dans les collections du musée de cette abbaye fondée à la fin du Ve siècle, par saint Guénolé et quelques disciples. Mis au jour lors d’une précédente campagne de fouilles archéologiques, il provient des fosses qui servaient de « poubelles » aux moines et daterait du XIIIe-XIVe siècle.
« Ce fragment provient d’un mobilier circulaire et plat », explique Guénolé RIDOUX, qui travaille au musée et assure le commissariat de l’exposition actuelle, Quand la crêpe devient bretonne. L’épaisseur (plusieurs centimètres) et la composition du fragment (une céramique onctueuse – qui résiste à la chaleur et la diffuse très bien grâce une proportion importante de talc) laissent penser à un objet qui se plaçait sur le feu plutôt que dans un four. Quant à l’argile utilisée, elle ressemble beaucoup à celle exploitée dans le Cap-Sizun tout proche.
Coup de chance, l’objet est « archéologiquement complet », on peut donc en reconstituer sa forme passée, qui une fois modélisée, ressemble à une galettière moderne.(…)
Les résultats sont sans équivoque. Sur la surface du plat, on retrouve des traces de produits laitiers, dont un marqueur qui ne peut que provenir du beurre. La présence de certaines molécules suggère aussi que l’objet a été exposé à des chauffages répétés et à des températures très élevées (au-delà de 240 °C).(…)
Le temps de trouver les financements pour ce projet, on est en 2019. « On a reconstitué cinq galettières semblables à celle retrouvée, rapporte Guénolé Ridoux. On a ensuite testé plusieurs graissages, plusieurs températures de chauffage, plusieurs pâtes. »
Retranchés à l’ÉCOMUSÉE DES MONTS d’ARRÉE le temps de l’expérimentation, les historiens se font crêpiers et leurs premiers essais confirment l’idée de départ : l’objet servait à faire des crêpes.
« Grâce à l’archéologie, on peut aujourd’hui développer une temporalité et une histoire, différentes de la crêpe bretonne, poursuit le directeur du musée de l’ancienne abbaye, Bernard Hulin. Elle n’est plus seulement cette nourriture de sauvages que l’on prétendait au XIXe siècle, jusqu’au développement du tourisme, ni celle de nos crêperies modernes. »
Exposition « Quand la crêpe devient bretonne » au MUSÉE de l’ANCIENNE ABBAYE de LANDÉVENNEC.
Tous les jours, de 10h30 à 18 h. Plein tarif : 6 € ; réduit : 5 €.
Un LIVRE pour vulgariser les avancées scientifiques dans ce domaine existe aussi.
« Et vous ? Êtes-vous plutôt crêpe ou galette ?: publié en deux versions, BRETON et fRançais, chez Coop Breizh. 20 €.
Photo : Galettière reconstituée à partir d’un fragment retrouvé à l’ancienne Abbaye de Landévennec.
Article Paule-Emilie RUY et Carole TYMEN © OUEST-FRANCE