Jeudi 11 mai est né en la ville de Kemper, un petit Fañch, fils de Lydia et Jean-Christophe Bernard, résidant à Rosporden. Le lendemain, les parents apprirent que l’état civile refusait ce prénom pour cause d’orthographe ; en cause, la lettre « ñ ».
Si cette lettre est courante en Breizh (rappelons l’existence des écrivains Fañch Peru et Fañch Broudig), il n’en reste pas moins que nous sommes soumis aux lois françaises, en l’occurence la Circulaire du 23 juillet 2014 relative à l’état civil NOR: JUSC141288C, laquelle procrit le « ñ », le « n’ » et le « c’h » entre autres.
Seulement voilà: sans tilde, la prononciation n’est plus la même!
Une situation fañchement ridicule!
Le ridicule ne tue pas, et nos voisins ne sont pas à une contradiction près. En témoignent par exemple, les noms des nouvelles communes, inventés mais supprimant toute référence à la Bretagne, le nom donnés aux habitants d’un département qui n’existe pas (Brétiliens) ou celui donné à ceux de Loire-Atlantique (Ligériens), etc.
Pour un pays qui se prétend résolument européen, notons cette hargne à vouloir défendre d’un côté la langue française tout en interdisant les signes diacritiques des cultures sur laquelle la fRance a pu se constituer pour mieux les éradiquer après, cette curieuse défense de la langue française qui consiste dans le même temps à procéder à des réformes de l’Education nationale simplifiant la langue française pour faciliter son assimilation par les futurs bons citoyens de demain.
Aussi curieux soit-il, des prénoms usités sont interdits alors qu’une liberté étrange est accordée pour baptiser les petits français de demain, petit florilège:
Bambi, Biscotte, Chirac, Clitorine, Débarah, Diam’s, Florineige, Fransisque, Freeman, Freedom, Gentil, Hétéroïque, Jospin, John Dundee, Jeanne d’Arc, Kader Oussel, Marge, Merveille, Magic, Noodles, Oméga, Peggy, Périphérique, Poulpe, Phénix-Alpha, Pocahontas, Pâquerette, Skyler, Seven, Sissi , Thérébentine (fille d’une ex-Ministre), Trésor, Tudor, Vitella, Winnie etc.
Trève de plaisanterie!
Si pour les uns ceci est un détail, qu’ils aient conscience que le cumul de petits détails de cet ordre est un déni de notre culture et contribue activement à son extinction!
Non sans rappeler que juridiquement parlant, la fRance n’a pas compétence à décider quoique ce soit en Bretagne, le droit international ne vaut-il pas pour tous, nous lançons malgré tout dès à présent un appel aux candidats des Législatives françaises de juin 2017 pour qu’ils intègrent dans leurs programmes l’officialisation de la langue bretonne, laquelle faut-il le rappeler, est bien antérieure à celle de la langue française.
Hep statud ofisiel dazont ebet evit ar brezhoneg !
Rappelons l’affaire Goarnig! Lorsqu’il est fait appel au droit, celui-ci est appliqué! Nos enfants ne sont pas des jouets, nous se sommes les jouets d’aucune République, nous disposons de droits fondamentaux que la fRance devrait commencer à respecter et à faire appliquer dès lors qu’elle s’est engagée à le faire en posant sa signature au bas de certains textes internationaux ayant valeur contraignante pour elle-même et pas seulement aux autres. Ne demande t-elle pas à ses citoyens de respecter ses lois?
En attendant: signez la pétititon!
Source:
DERNIÈRE MINUTE:
Nous apprenons à l’instant que la ville de Kemper est revenu sur sa décision! Fanch-Tilde pourra s’appeler Fañch!
« Chacun sait ici que cet accent est indissociable de ce prénom breton. D’autres fondements juridiques sont heureusement plus pertinents et solides qu’une simple circulaire. En premier lieu, l’article 75-1 de la Constitution de la République française proclame que les langues régionales sont reconnues comme appartenant au patrimoine de la France. De même, l’article 57 alinéa 2 du Code civil, issu de la loi du 8 janvier 1993, consacre le principe de libre choix du prénom par les parents. Dans le même esprit, la Cour européenne des Droits de l’Homme affirme que le choix du prénom revêt pour les parents un caractère intime et affectif et entre par conséquent dans la sphère de la vie privée » indique la mairie dans un communiqué.
Et elle ajoute : « Il n’y a, à nos yeux, aucune raison, qu’elle soit juridique ou humaine, pour que Fañch soit privé du tilde qui orne son prénom. Ce n’est ni accessoire, ni anodin« .
Jean-Michel Le Boulanger et Lena Louarn, respectivement Vice-présidents du Conseil régional à la culture et aux langues de Bretagne, ont fait part de leur incompréhension concernant le refus de l’état civil d’enregistrer le prénom Fañch au départ de cette histoire.
Les élus régionaux ont demandé « une évision immédiate de l’instruction générale relative à l’état civil du 11 mai 1999 modifié. Cette instruction devra prendre en compte l’article 75-1 de la Constitution et l’article 76 de la loi du 28 février 2017 qui autorisent désormais les traductions dans les actes publics ».